En ouvrant ce journal, il y a 20 ans, je n’aurais jamais pensé qu’il durerait si longtemps. Mais il a tenu, d’abord sur feu 20six, puis en solitaire sur ce site, traversant les plateformes et les modes jusqu’à aujourd’hui. MySpace, Flickr, Facebook, Instagram passent et disparaissent, mais reste ce site.
Je vais marquer cette double décennie avec 20 galeries de 20 photos à raison d’une année par jour. Comme vous êtes des brutasses en maths, vous avez déjà compris que nous partons pour un tunnel de 20 jours d’archives historiques passionnantes de mes 20 dernières années. Bon courage et merci à vous qui me suivez… parfois depuis 20 ans.
Aujourd’hui, 2004. Une année d’expatriation étasunienne durant laquelle je fais mes premières armes en photo musicale. Une année fabuleuse. J’ai toujours préféré les années en -4 aux autres.
Il y a vingt ans, les Pistons de Détroit étaient en finale NBA.
Il y a vingt ans, les Pistons de Détroit étaient encore en finale NBA.
Il y a dix-neuf ans, les Pistons de Détroit étaient en vacances après s’être fait vider comme des nases en 7 manches de finale de conférence par Miami.
Il y a dix-huit ans, les Pistons de Détroit étaient toujours en vacances, cette fois-ci grâce à Cleveland.
Il y a seize ans, j’en avais marre de ressasser chaque année des histoires de basket, ce sport de nase, tout ça à cause de la grève de 2004 qui m’avait forcé à causer dès l’origine de basket, ce sport de nase, plutôt que de hockey sur glace, qui est un VRAI sport. Cette année-là, donc, les Red Wings de Détroit emportèrent le championnat et tout le monde fut content, sauf moi1.
Il y a quinze ans, j’étais persuadé que Détroit allait redevenir champion en regagnant contre rePittsburgh puisque le 7e match de la finale, c’était le soir-même et que sur les 14 fois précédentes où la coupe s’était jouée en 7 manches, l’équipe qui accueillait avait gagné 12 fois. Je pensais que c’était pas plus mal, parce que ça allait donner au moins un truc à fêter dans le Michigan cette année-là. Manque de pot, Pittsburgh gagna 2-1, ce qui prouva bien que dans la vie, rien n’est gagné d’avance.
Il y a quatorze ans, Détroit s’était fait éliminer par San Jose en demi-finale de conférence, Chicago avait remporté le championnat pour la première fois depuis 1961 et se rebaptisait Hawkeytown pour faire la nique au Hockeytown de Détroit, ce que je trouvais fort drôle car j’ai toujours préféré Chicago à Détroit.
Il y a treize ans, Détroit s’était encore fait éliminer par San Jose en demi-finale de conférence alors que Chicago s’était injustement fait sortir par Vancouver dès les quarts de finale de conférence en prolongation après avoir remonté un déficit de 3 matchs et imposé une 7e manche. Du coup c’était Vancouver qui allait gagner. Ou Boston. Oui, finalement c’était Boston.
Il y a douze ans, Nashville, non content d’avoir piqué Jack White et ses potes à Détroit, en avait profité pour également les éliminer au premier tour, pendant que Chicago se faisait sortir par Phoenix dès le premier tour aussi. Pas de jaloux cette année-là, donc, et Los Angeles avait pu en profiter pour niquer tout le monde en se qualifiant à l’arrache pour les séries avant de dégager sans mal et dans l’ordre le 1er, le 2e puis le 3e de la conférence et finalement New Jersey cette nuit-là-même pour gagner le premier championnat de leur histoire et oublier leur finale perdue en 1993 contre les traîtres et les faux-jetons.
Il y a onze ans, Détroit et Chicago se rencontraient en demi-finale de conférence pour la dernière fois et c’était Chicago qui avait gagné de justesse en 7 matches après avoir été menés 3 victoires à 1. Détroit se retrouvait donc en vacances pendant que Chicago entamait sa finale du championnat ce même soir contre Boston — et s’apprêtait à remporter un 2e titre en 3 ans, donc, mais ça nous ne le sûmes que plus tard —, ce qui promettait une fatigante semaine.
Il y a dix ans, Détroit était en vacances depuis un bon mois après s’être fait éliminer dès le premier tour par Boston et Chicago avait injustement perdu en prolongation du 7e match de la finale de conférence face à Los Angeles, une bande de pâles types qui, à l’heure qu’il était, était en train de remporter la finale face à New York, quoique ayant perdu le 4e match cette nuit-là.
Il y a neuf ans, Détroit se faisait vider dès le premier tour en 7 manches par Tampa Bay, qui s’était ainsi frayé un chemin jusqu’en finale contre Chicago, où l’on en était à 2 victoires partout dans une série très très stressante, et je n’avais pas vu de rasoir depuis plus de trois mois, ce qui commençait à gratter. Chicago l’emporta 4 victoires à 2 et tout le monde fut content, surtout moi qui put me raser en chantant.
Il y a huit ans, Détroit et Chicago s’étaient tous fait toquer dès le premier tour 2 mois auparavant, respectivement contre Tampa Bay et Saint-Louis, donc pas de jaloux, et j’attendais que Pittsburgh battît San Jose en finale 4 victoires à 2 en caressant mes belles joues glabres.
Il y a sept ans, Détroit ne s’était même pas qualifié pour les éliminatoires, ce qui n’était pas arrivé depuis 25 ans, et Chicago avait dégagé dès le premier tour face à des faquins nashvillois que Pittsburgh venait de battre cette nuit-là même pour remporter un troisième titre consécutif.
Il y a six ans, ni Détroit, ni Chicago ne s’étaient qualifiés pour les éliminatoires, ce qui n’était arrivé qu’une fois dans l’histoire du monde, en 68–69. Cela avait donné des éliminatoires tartes remportés par une équipe de Washington tarte contre une équipe de Vegas un peu moins tarte puisqu’ayant battu le record tous sports étasuniens confondus de la meilleure première saison de l’histoire (et ce, malgré leur logo tarte).
Il y a cinq ans, Détroit et Chicago ne s’était pas qualifiés non plus, ce qui avait encore donné des éliminatoires tartes où les vainqueurs des deux conférences s’étaient fait vider comme des bouses dès le premier tour, ce qui n’était jamais arrivé, et une finale pas très intéressante entre Boston et Saint-Louis qui se closit ce soir-là lors du 7e match, qui eu lieu à Boston et qui, d’après les statistiques, aurait dû voir Boston gagner cette année encore sauf que non, ce fut Saint-Louis.
Il y a quatre ans, Détroit et Chicago ne s’étaient toujours pas qualifiés non plus sauf que, le Covid passant par là, les éliminatoires eurent lieu à partir du 10 juillet avec une équipe de Chicago repêchée et éliminée au troisième tour par Las Vegas avant que Tampa Bay finisse par gagner tout ça.
Il y a trois ans, Détroit et Chicago s’étaient ENCORE pas qualifiés pour les séries et nous étions loin de savoir qui irait en finale (et c’est encore Tampa Bay qui gagna).
Il y a deux ans, toujours pas de Chicago ni Détroit en vue et Tampa Bay s’apprêtait à gagner un 3e titre en 3 ans, mais contre Colorado… quand tout à coup Colorado l’emporta 4 victoires à 2.
Il y a un an, toujours pas de Détroit ou Chicago en éliminatoires, et nous étions bien partis pour voir Las Vegas emporter le bazar vu qu’ils menaient 3 à 1 et en mirent une 4e.
Aujourd’hui, toujours pas de Chicago, ni de Détroit, et la Floride mène joyeusement 2 à 0 contre Edmonton.
Il y a vingt ans, je déjeunais avec des cookies Pepperidge Farm™ au milieu d’un bureau quelque part à Pontiac.
Il y a dix-neuf ans, je déjeunais avec des cookies Hello® de Lu™ au milieu d’un bureau quelque part à Évry.
Il y a dix-huit ans, je déjeunais avec des Prince™ chocolat au milieu d’un bureau quelque part à Clamart parce qu’on était lundi.
Il y a dix-sept ans, je déjeunais avec un Panier® de Yoplait™ au milieu de toujours le même patin de bureau. Je me sédentarisais un peu trop, là.
Il y a seize ans, je déjeunais avec des tartines beurrées au milieu d’encore le même !@#$ de bureau, au secours quelqu’un, mais personne ne vint.
Il y a quinze ans, je déjeunais tard avec un sandwich au milieu d’un bureau dont je n’osai même pas avouer l’emplacement.
Il y a quatorze ans, je déjeunais avec un café au milieu d’un endroit qui n’était pas un bureau, parce que c’était samedi.
Il y a treize ans, je déjeunais avec un autre café au milieu du même endroit qui n’était pas un bureau, parce que c’était dimanche.
Il y a douze ans, je déjeunais avec des cookies Pepperidge Farm™ Sausalito® (qui sont pas les meilleurs Pepperidge Farm™ mais il ne me restait que ça) au milieu d’un bureau quelque part dans le XIIIe arrondissement de Paris.
Il y a onze ans, je déjeunais avec un croissant et une pomme, parce que, comme le dit le dicton, « une pomme chaque matin évince le médecin », au milieu du même bureau quelque part dans le XIIIe arrondissement de Paris.
Il y a dix ans, je déjeunais avec des couquies Pepperidge Farm™ aux grosses grosse pépites de chocolat — les verts —, qui sont de loin les meilleurs couquies Pepperidge Farm™ de tout l’ouest du Pecos, pour la dernière fois dans le même bureau quelque part dans le XIIIe arrondissement de Paris.
Il y a neuf ans, je déjeunais avec un croissant aux amandes assez roboratif pour me tenir la journée, dans un bureau d’un 9e étage du XIIIe arrondissement de Paris.
Il y a huit ans, je ne déjeunais pas encore, car c’était dimanche et que le dimanche, on déjeune tard.
Il y a sept ans, je déjeunais avec quatre Petit écolier – et non pas quatre petits écoliers – parce qu’il ne me restait que ça, dans un bureau d’un 9e étage du XIIIe arrondissement de Paris.
Il y a six ans, je déjeunais avec une viennoiserie pleine de crème anglaise attrapée au vol et avalée dans la ligne 12 du Métropolitain de Paris.
Il y a cinq ans, je déjeunais pour la dernière fois dans un bureau quelque part à Clamart avec un snack Manner™ chocolat – coco.
Il y a quatre ans, je déjeunais avec un croissant dans un bureau quelque part à Suresnes.
Il y a trois ans, je ne déjeunais plus parce qu’il était tard, mais dans un appartement du XVIIIe arrondissement de Paris.
Il y a deux ans, je déjeunais au moyen d’un café dans la cour du même appartement du XVIIIe arrondissement de Paris.
Il y a un an, je goûtais au moyen d’une gourde de flotte dans, tenez-vous bien, à nouveau le bureau quelque part à Clamart, ce qui était tout bonnement farfelu.
Aujourd’hui, je goûte avec un Leibnitz chocolat noir.
Il y a vingt ans, j’allais voir Franz Ferdinand au Majestic Theater de Détroit.
Il y a dix-neuf ans, j’allais voir Ghinzu à l’Olympia de Paris.
Il y a dix-huit ans, j’allais voir si j’allais voir Guillemots à la Boule Noire de Paris ce soir-là ou bien, pour ne finalement pas y aller.
Il y a dix-sept ans et un jour, les White Stripes au Zénith de Paris. Les trois jours suivants, Mademoiselle K à l’Élysée-Montmartre de Paris puis au Trabendo de Paris. Y’avait pas à dire, on n’avait pas des vies faciles. Et je passais beaucoup trop de temps à Paris.
Il y a seize ans, j’allais voir Supergrass à l’Élysée-Montmartre de Paris, qui comme son nom l’indiquait, était toujours à Paris, donc moi aussi.
Il y a quinze ans, j’allais peut-être voir Elmer Food Beat toujours dans le même Élysée-Montmartre de Paris, parce qu’un photographe de rock et de roll a raté sa vie si, à 50 ans, il n’a jamais photographié de chanteur bedonnant en zlip kangourou. Et j’y allai. Ma vie fut sauvée ce soir-là.
Il y a quatorze ans, après être allé la veille au Stade de France de Saint-Denis, juste à côté de Paris, avec plein de gens, voir Muse se produire, je réallais le resoir-même au reStade de France de reSaint-Denis, rejuste à côté de reParis, avec replein de gens, pour revoir reMuse se reproduire. Oh mon dieu. C’était un piège.
Il y a treize ans, je n’allais rien voir du tout dans aucune salle de Paris car on ne peut pas vivre des trucs intéressants tous les ans non plus.
Il y a douze ans, je n’allais rien voir non plus dans aucune salle de Paris non plus, mais seulement parce que je le voulais bien ou bien.
Il y a onze ans, je n’allais voir encore-non-plus parce que va savoir pourquoi.
Il y a dix ans, j’allais voir Tom Vek à la Flèche d’Or de Paris.
Il y a neuf ans, je n’allais rien voir non plus parce qu’il y avait bar et qu’on ne peut pas être au mour et au foulin.
Il y a huit ans, j’allais voir la 3e journée du Téléchargement Festival au chevalodrome de Longchamp de Paris pour voir des métalleux, boire des bières et manger des Monster Munch® gratuits.
Il y a sept ans, je n’allais rien voir du tout car je revenais fort justement du Téléchargement Festival qui avait eu lieu sur l’avionodrome de Brétigny-sur-Orge, un patelin situé loin loin là-bas en banlieue, où j’avais pu voir des métalleux, boire des bières et ne pas manger de Monster Munch® gratuits, comme quoi tout se perdait.
Il y a six ans, je n’allais rien voir du tout non plus car le Téléchargement Festival tombait cette année-là le 15 juin, et non le 8 comme je l’avait cru toute l’année durant.
Il y a cinq ans, je n’allai rien voir non plus car j’avais à nouveau bar, comme quoi l’histoire se répète inlassablement.
Il y a quatre ans, je n’avais pas mis les pieds dans une salle de concert depuis 3 mois pour d’évidentes raison d’épidémie de grippe-zombie et je me demandais si ça m’arriverait à nouveau un jour, le regarde embué de larmes.
Il y a trois ans, je n’avais pour ainsi dire toujours pas fait de concert depuis quatre ans et quatre mois, ce qui était quand même incroyable cette histoire dites donc. Nous allâmes picoler en terrasse pour oublier ça.
Il y a deux ans, je n’allais pas en concert non plus, parce que tout ça redémarrait bien lentement.
Il y a un an, je n’allais toujours rien voir non plus, car on dirait bien que les temps changaient.
Aujourd’hui, toujours rien, ce qui montre bien que les temps changent.
Il y a vingt ans, je m’éveillais le matin au doux son de Bonjour Le Monde !, sur CBEF Windsor, avec Charles Lévesque et Maryse Tourette, dans ma voiture lancée à vive lenteur sur Orchard Lake Road.
Il y a dix-neuf ans, je m’éveillais au doux son de Marylin Manson, dans mon RER D lancé à vive lenteur sur RER D Trail.
Il y a dix-huit ans, je m’éveillais au doux son de Wayne Coyne introduisant son acoustique de Thank You Jack White (For the Fiber-Optic Jesus That You Gave Me)2 par « Always read the instructions before plugging in a gift from Jack White. »
Il y a dix-sept ans, je m’éveillais doucement au doux son de Que de la radio sur la 3, en bénissant une fois de plus le ciel pour avoir inventé la Suisse.
Il y a seize ans, je m’éveillais doucement au doux son de la douce voix d’Émilie Gasc-Milesi visitant le musée d’ethnographie de J’nève, avant d’envoyer Beck chanter Cellphone’s Dead, un titre pas entendu depuis pfioulala-ça-nous-rajeunissait-pas, toujours dans Que de la radio et toujours sur la 3, c’était dingue.
Il y a quinze ans, je ne m’éveillais plus car il était tard, mais au son de toujours-la-même-3 qui passait une version jazzy à la guitare de Pump Up the Jam, reprise par The Lost Fingers, qui sonnait super bizarre, je me demandai subitement si je m’étais vraiment éveillé ce matin.
Il y a quatorze ans, je m’éveillais au doux son de la rediff’ de la première de 2-0 en cabine, la principale attraction de la coupe du monde de foute qu’on était tous fans et que je n’avais pas pu écouter la veille pour cause de Muse. Ignacio Chollet, épouse-moi.
Il y a treize ans, je m’éveillais au doux son d’Au milieu du village, promenade dominicale, la compilation hebdomadaire du monument de bon goût et de sociologie qu’était Au milieu du village, ce qui montrait bien que je change rarement de crèmerie radiophonique.
Il y a douze ans, je m’éveillais au doux son de Plata O Plomo de Soulfly dans Que de la radio, sur la 3 et ce pour la dernière année, vu que le Dujany se cassait à la fin de la saison pour aller voir ailleurs s’il y était, mais seulement après qu’il eut finit d’imiter Max Cavalera dans le poste.
Il y a onze ans, je m’éveillais au doux son du Ghost Rider de Suicide qui closait l’épisode sur le CBGB de la semaine spéciale Famous Nightclubs d’Audioguide dans le Bronx sur devine-un-peu-quelle-radio.
Il y a dix ans, je m’éveillais au doux son d’Anselme, l’invité très très naïf qui ressemblait à une pizza digérée parce qu’il mettait des tonnes d’Axe® pour attirer les filles et qui mourrait bêtement en sautant par la fenêtre parce qu’il venait de boire un Redbull® de Tartare, la chronique débile de dans One-Two l’émission du matin sur évidemment-toujours-la-même-radio, une émission drôle qui s’arrêtait le lendemain parce que la grille d’été commençait dès le lundi et pas au moment des Eurockéennes comme chaque année, ce qui me perturbait beaucoup cette phrase est très longue.
Il y a neuf ans, je m’éveillais au doux son de la spiquerine de One-Two (son à 1 h 20 min 22 s dans le fichier) sur c’est-même-plus-la-peine-de-dire-quelle-radio, qui était en train de danser la Carioca avec un Doquin de Saint-Preux qui chantait très, mais alors très très mal.
Il y a huit ans, je m’éveillais au doux sons des Classiques de Marc Ysaÿe sur Classic 21 – car, par tradition familiale millénaire, le dimanche matin, on écoute les Classiques de Marc Ysaÿe – qui nous décrassait l’émetteur avec Modern Times Rock ‘n’ Roll de Queen, sur le premier album, que je n’avais jamais entendu, comme quoi il n’est jamais trop tard pour apprendre.
Il y a sept ans, je m’éveillais au doux son de la bonne parole de Jean-Gabriel Cuénod expliquant à ses ouailles qu’il faut brûler les saltimbanques, et ce dans le One-Two du matin, toujours sur la même radio.
Il y a six ans, je m’éveillais au doux son de la voix du Dujany visitant un traiteur annécien avec le Ligron qui nous expliquait comment reconnaître un bon saucisson, et ce sur pour-une-fois-pas-la-même-radio car Bille en tête, ça passait sur la Première.
Il y a cinq ans, je m’éveillais au doux son d’RVD2, la série idiote de la 3, qui voyait ce matin-là nos héros continuer leur quête himalayenne vers le monastère dans lequel s’était retirée Sophie Favier, la seule personne en mesure de sauver le monde d’une invasion extra-terrestre. La routine, quoi.
Il y a quatre ans, je m’éveillais au doux son de l’épisode 37/50 de la série spéciale histoire de la gastronomie de Bille en tête, qui marqua la fin de cette émission qui ma foi aimait bien parler de saucisses.
Il y a trois ans, je m’éveillais au doux son des commentaires de l’équipe de Footaises qui commentaient le Suisse – Pays de Galles de l’Euro 2020+1.
Il y a deux ans, je m’éveillais au doux son des Classiques de Marc Ysaÿe, car les années passaient mais la tradition restait, et je réécoutais encore une fois cette incroyable version de Kashmir par Page et Plant en 1995, ce qui ne nous rajeunissait pas non plus.
Il y a un an, j’essayais de rester éveillé au doux son des Bras Cassés du soir à l’issue d’une harassante journée de labeur numérique.
Aujourd’hui, je goûte au doux son de la Série Documentaire sur la mise en œuvre de la Shoah, ce qui n’a rien de réjouissant, comme programme.
Il y a vingt ans, il faisait beau.
Il y a dix-neuf ans, il faisait beau aussi.
Il y a dix-huit ans il faisait beau et surtout chaud, j’étais déjà liquéfié alors qu’il n’était que 10 h et ça, ça suçait grave.
Il y a dix-sept ans il faisait gris, ce qui suçait un peu moins.
Il y a seize ans il faisait gris aussi, ce qui me faisait réaliser que mon histoire se répétait un peu trop, ces temps-là.
Il y a quinze ans, il faisait carrément moche. Ça devenait une tradition.
Il y a quatorze ans, il faisait moche aussi. Je croyais qu’on m’en voulait personnellement.
Il y a treize ans, GLORIA ALLELUÏA il faisait enfin beau, dis donc.
Il y a douze ans, il refaisait remoche. ¡Caramba! Encore raté.
Il y a onze ans, il continuait à faire moche. C’était désespérant.
Il y a dix ans, il faisait beau et chaud. Ou chaud et beau. Je ne savais pas trop.
Il y a neuf ans, il fait très beau et très très chaud et je pensais fondre avant ce soir-là (ce qui n’arriva heureusement point).
Il y a huit ans, il ne faisait ni vraiment beau, ni vraiment chaud, ou peut-être le contraire.
Il y a sept ans, il faisait cheau et baud.
Il y a six ans, il fait vraiment, vraiment très moche.
Il y a cinq ans, il faisait très moche aussi.
Il y a quatre ans, il faisait vraiment, vraiment, vraiment très moche.
Il y a trois ans, il faisait vraiment beau et vraiment chaud.
Il y a deux ans, il faisait vraiment beau et vraiment chaud.
Il y a un an, il faisait beau.
Aujourd’hui, il fait froid et moche et je ne transpire pas. Meilleur été de ma vie.
Il y a vingt ans, nous étions le 12 juin.
Il y a dix-neuf ans, nous étions le 12 et un jour, ce qui signifiait que j’étais en retard.
Il y a dix-huit ans, nous étions le 12 juin, ce qui voulait dire que je sais retenir les leçons du passé.
Il y a dix-sept ans, nous étions encore le 12 juin, et je n’avais réalisé que 5 minutes auparavant que le 12 juin, c’était aujourd’hui.
Il y a seize ans nous étions, c’est fou ça, le 12 juin.
Il y a quinze ans nous étions, grâce à l’implacable régularité cyclique super-prévisible du calendrier grégorien, deviniez quoi ? Le 12 juin.
Il y a quatorze ans, nous étions justement un Il y a quatorze ans qui tombait un 12 juin. Mais pas le même que les autres.
Il y a treize ans, nous étions la veille du 13 juin et donc le 12. C’était épatant.
Il y a douze ans, nous étions encore le 12 juin, croyais-je.
Il y a onze ans, il me semblait, si je me souvenais bien, que, voyiez-vous, nous étions le 12 juin.
Il y a dix ans, nous étions encore et toujours le 12 juin.
Il y a neuf ans, et ce grâce — ou à cause, tout dépend du point de vue duquel on se place —, Il y a neuf ans, donc, selon — ne nous mouillons point — la marche immuable de l’univers vers le bonheur universel et le progrès mondial, nous étions, si j’avais bien compris, le 12 juin.
Il y a huit ans, nous étions, une fois encore, le 12 juin.
Il y a sept ans nous étions – ça m’épatera toujours – teniez-vous bien : le 12 juin.
Il y a six ans nous étions – je regardai mon calendrier des Postes – fichtre alors ! Le 12 juin.
Il y a cinq ans nous étions, je pensais que vous l’aviez deviné, le 12 juin.
Il y a quatre ans nous étions, une fois de plus (apprécions la chance que nous avons), le 12 juin.
Il y a trois ans nous étions, et ça je venais de m’en apercevoir il y avait 10 minutes de cela… le 12 juin.
Il y a deux ans nous étions, tralala, le 12 juin… enfin ça c’est ce qu’ILS veulaient nous faire croire.
Il y a un an, je venais de constater à l’arrache que nous étions une fois de plus le 12 juin et je tapais ce texte vite vite pour ne pas rater l’express de 18 h qui devait me ramener vers la civilisation.
Aujourd’hui, nous sommes le vingtième 12 juin de cette série.
Et un an qui font vingt. J’aurai bientôt passé la moitié de ma vie à remplir ce journal. On m’aurait dit ça il y a 20 ans, j’y aurais pas cru.
We lived through another day,
It’s a good excuse to celebrate.
Mais à part ça, rien.
À l’année prochaine, peut-être. À demain, sûrement.
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