Il arrive souvent que l’on ne dispose que d’une seule fenêtre de tir pour faire une photo.
Et il arrive parfois que cette fenêtre de tir s’annonce être une vieille lucarne pourrie, à travers laquelle on ne verra pas grand’chose. Malgré cela, on se lève tôt et on tente sa chance quand même. C’est dans ce genre de circonstances que j’ai dû photographier Halstatt dans le brouillard après une nuit d’orage en 2020 ou le pont Charles sous la bruine en 2019.
Le pont Charles, justement. C’était un mardi de mai à 4 h 30, il pleuvait… et nous étions 4 photographes.
Parce que, nous autres photographes – et moi le premier –, tenons absolument à essayer d’être originaux… tout en allant régulièrement photographier des trucs que tout le monde photographie.
Ce matin-là, il est 6 h 30 lorsque j’arrive devant le parc-à-gondoles-que-tout-le-monde-photographie. Puisqu’il me reste un peu de temps devant moi, je décide de pousser plus à l’est et finit par tomber sur un deuxième parc. Il manque une gondole, ce qui me laissera tout loisir d’y cadrer l’église à la place.
Ma photo faite, je reviens vers le premier parc, et tombe, un mercredi froid, pluvieux et brumeux de décembre, sur 4 photographes en train de faire la même photo.
[Je vous laisse imaginer la cohue un samedi matin d’août.]
L’absurdité de la chose me frappe. Et, je ne suis pas plus malin qu’eux, puisque je suis moi-même venu pour faire la même photo.
Alors, cette même photo, je la fais au milieu de tout le monde… puis je les photographie photographiant la même photo que tout le monde, histoire de boucler la boucle.
On en fera peut-être une série, tiens.
[Mais, à part ça, rien.]