Shakespeare & Company, Paris, 14 août.
Elle devait faire une photo de livres au Sip Babylone, mais c’est fermé. Je lui propose Shakespeare. Elle n’y a jamais mis les pieds. Raison de plus. Shakespeare, c’est une parenthèse dans la ville, une respiration. Un désert, même, quand on y passe un 14 août. Deux Brésiliennes conversent tout bas, une fille lit son livre. C’est tout. Je retrouve la machine à écrire de 2005, scalpée comme si un troupeau de zombies était passé par là. Puis le piano s’éveille. Je me retourne. Ils sont deux : il est de dos, elle bouquine. Joli, mais déjà vu ; ce qui est fait et refait n’est plus à rerefaire.
Je vais.
Je reviens.
Elle s’est couchée, yeux clos, sourire aux lèvres. C’en est trop. Je mets le fotoapparat en silencieux, je me faufile, soupire deux déclenchements et m’esquive.
Jamais deux sans trois, de toute façon.