Musée Carnavalet, Paris, 21 juillet.
Carnavalet est mon musée préféré de Paris. Ce n’est ni le plus grand, ni le plus grandiose, mais le plus à part. Carnavalet est mon musée préféré de Paris parce que l’on y trouve tout un bric-à-brac organisé par périodes et récupéré au fur et à mesure que les strates de l’histoire venaient recouvrir la ville, mais aussi parce qu’il est gratuit.
Le musée gratuit est un musée pas comme les autres. Puisque le musée gratuit est gratuit, il ne se visite pas religieusement tous les 10 ans ; on y entre quand on passe dans le quartier, parce qu’on a décidé sur un coup de tête de venir [re]voir le gros poële en forme de Bastille, les souvenirs du Temple ou le portrait d’Eugène Süe ou que l’on souhaite montrer à quelqu’un le portrait de la comtesse de Castiglione, la maquette de la Cité durant la construction du pont Neuf ou la chambre de Proust. Le musée gratuit n’a pas besoin d’être admiré œuvre à œuvre, minutieusement, précautionneusement, à deux à l’heure, durant une journée entière, jusqu’à l’écœurement. Le musée gratuit se picore. Dans le musée gratuit, on peut aller droit au but, traverser les pièces au pas de course et se planter devant ce que l’on était venu voir ; y rester 2 minutes ou 2 heures, comme on veut, puis repartir aussi sec. On reviendra dans une semaine ou dans un mois, pour y voir ceci ou y revoir cela. Arpenter le musée gratuit en y entrant comme dans un moulin le rend plus vivant et plus familier. Puisque le musée gratuit est public, chacun en possède un soixante-millionième. Le musée gratuit, c’est un peu la maison.