Into the Wide #9.

Route des Prehez, Morbier, 27 avril.


Route des Prehez, Morbier, 27 avril.

[Oui oui, vingt-sept avril.]

Et à part ça :

Il y a neuf ans, les Pistons de Détroit étaient en finale NBA.

Il y a huit ans, les Pistons de Détroit étaient encore en finale NBA.

Il y a sept ans, les Pistons de Détroit étaient en vacances après s’être fait vider comme des nases en sept manches de finale de conférence par Miami.

Il y a six ans, les Pistons de Détroit étaient toujours en vacances, cette fois-ci grâce à Cleveland.

Il y a cinq ans, j’en avais marre de ressasser chaque année des histoires de basket, ce sport de nase, tout ça à cause de la grève de 2004 qui m’avait forcé à causer dès l’origine de basket, ce sport de nase, plutôt que de hockey sur glace. Cette année-là, donc, les Red Wings de Détroit emportèrent le championnat et tout le monde fut content, sauf moi1.

Il y a quatre ans, j’étais persuadé que Détroit allait redevenir champion en regagnant contre rePittsburgh puisque le septième match de la finale, c’était le soir-même et que sur les 14 fois précédentes où la coupe s’était jouée en sept manches, l’équipe qui accueillait avait gagné 12 fois. Je pensais que c’était pas plus mal, parce que ça allait donner au moins un truc à fêter dans le Michigan cette année-là. Manque de pot, Pittsburgh gagna 2-1, ce qui prouvait bien que dans la vie, rien n’est gagné d’avance.

Il y a trois ans, Détroit s’était fait éliminer par San Jose en demi-finale de conférence, Chicago avait remporté le championnat pour la première fois depuis 1961 et se rebaptisait Hawkeytown pour faire la nique au Hockeytown de Détroit, ce que je trouvais fort drôle car j’ai toujours préféré Chicago à Détroit.

Il y a deux ans, Détroit s’était encore fait éliminer par San Jose en demi-finale de conférence alors que Chicago s’était injustement fait sortir par Vancouver dès les quarts de finale de conférence en prolongation après avoir remonté un déficit de 3 matchs et forcé une 7e manche. Du coup c’était Vancouver qui allait gagner. Ou Boston. Oui, finalement c’était Boston.

Il y a un an, Nashville, non content d’avoir piqué Jack White et ses potes à Détroit, en avait profité pour également les éliminer au premier tour, pendant que Chicago se faisait sortir par Phoenix dès le premier tour aussi. Pas de jaloux cette année-là, donc, et Los Angeles avait pu en profiter pour niquer tout le monde en se qualifiant à l’arrache pour les séries avant de dégager sans mal et dans l’ordre le 1er, le 2e puis le 3e de la conférence et finalement New Jersey cette nuit-là-même pour gagner le premier championnat de leur histoire et oublier leur finale perdue en 1993 contre les traîtres et les faux-jetons.

Cette année, Détroit et Chicago se sont rencontré en demi-finale de conférence pour la dernière fois et c’est Chicago qui a gagné de justesse en 7 matches après avoir été menés 3 victoires à 1. Détroit se retrouve donc en vacances pendant que Chicago entame sa finale du championnat ce soir contre Boston, ce qui promet une fatigante semaine.

 

Il y a neuf ans, je déjeunais avec des cookies Pepperidge Farm au milieu d’un bureau quelque part à Pontiac.

Il y a huit ans, je déjeunais avec des cookies Hello® de Lu au milieu d’un bureau quelque part à Évry.

Il y a sept ans, je déjeunais avec des Prince chocolat au milieu d’un bureau quelque part à Clamart parce qu’on était lundi.

Il y a six ans, je déjeunais avec un Panier® de Yoplait au milieu de toujours le même patin de bureau. Je me sédentarisais un peu trop, là.

Il y a cinq ans, je déjeunais avec des tartines beurrées au milieu d’encore le même !@#$ de bureau, au secours quelqu’un, mais personne ne vint.

Il y a quatre ans, je déjeunais tard avec un sandwich au milieu d’un bureau dont je n’osai même pas avouer l’emplacement.

Il y a trois ans, je déjeunais avec un café au milieu d’un endroit qui n’était pas un bureau, parce que c’était samedi.

Il y a deux ans, je déjeunais avec un autre café au milieu du même endroit qui n’était pas un bureau, parce que c’était dimanche.

Il y a un an, je déjeunais avec des cookies Pepperidge Farm Sausalito® (qui sont pas les meilleurs Pepperidge Farm mais il ne me restait que ça) au milieu d’un bureau quelque part dans le XIIIe arrondissement de Paris.

Aujourd’hui, je déjeune avec un croissant et une pomme, parce que, comme le dit le dicton, « une pomme matin ou soir envoie le médecin se faire voir », au milieu du même bureau quelque part dans le XIIIe arrondissement de Paris.

 

Il y a neuf ans, j’allais voir Franz Ferdinand au Majestic Theater de Détroit.

Il y a huit ans, j’allais voir Ghinzu à l’Olympia de Paris.

Il y a sept ans, j’allais voir si j’allais voir Guillemots à la Boule Noire de Paris ce soir-là ou bien, pour ne finalement pas y aller.

Il y a six ans et un jour, les White Stripes au Zénith de Paris. Les deux jours suivants, Mademoiselle K à l’Élysée-Montmartre de Paris puis au Trabendo de Paris. Y’avait pas à dire, on avait pas des vies faciles. Et je passais beaucoup trop de temps à Paris.

Il y a cinq ans, j’allais voir Supergrass à l’Élysée-Montmartre de Paris, qui comme son nom l’indiquait, était toujours à Paris, donc moi aussi.

Il y a quatre ans, j’allais peut-être voir Elmer Food Beat toujours dans le même Élysée-Montmartre de Paris, parce qu’un photographe de rock et de roll a raté sa vie si, à 50 ans, il n’a jamais photographié de chanteur bedonnant en zlip kangourou. Et j’y allai. Ma vie fut sauvée ce soir-là.

Il y a trois ans, après être allé la veille au Stade de France de Saint-Denis, juste à côté de Paris, avec plein de gens, voir Muse se produire, je réallais le resoir-même au reStade de France de reSaint-Denis, rejuste à côté de reParis, avec replein de gens, pour revoir reMuse se reproduire. Oh mon dieu. C’était un piège.

Il y a deux ans, je n’allais rien voir du tout dans aucune salle de Paris car on ne peut pas vivre des trucs intéressants tous les ans non plus.

Il y a un an, je n’allais rien voir non plus dans aucune salle de Paris non plus, mais seulement parce que je le voulais bien ou bien.

Aujourd’hui, je ne vais rien non encore-non-plus parce que va savoir pourquoi.

 

Il y a neuf ans, je m’éveillais le matin au doux son de Bonjour Le Monde !, sur CBEF Windsor, avec Charles Lévesque et Maryse Tourette, dans ma voiture lancée à vive lenteur sur Orchard Lake Road.

Il y a huit ans, je m’éveillai au doux son de Marylin Manson, dans mon RER D lancé à vive lenteur sur RER D Trail.

Il y a sept ans, je m’éveillais au doux son de Wayne Coyne introduisant son acoustique de Thank You Jack White (For the Fiber-Optic Jesus That You Gave Me)2 par « Always read the instructions before plugging in a gift from Jack White. »

Il y a six ans, je m’éveillais doucement au doux son de Que de la radio sur la 3, en bénissant une fois de plus le ciel pour avoir inventé la Suisse.

Il y a cinq ans, je m’éveillais doucement au doux son de la douce voix d’Émilie Gasc-Milesi visitant le musée d’ethnographie de G’nève, avant d’envoyer Beck chanter Cellphone’s Dead, un titre pas entendu depuis pfioulala-ça-nous-rajeunissait-pas, toujours dans Que de la radio et toujours sur la 3, c’était dingue.

Il y a quatre ans, je ne m’éveillais plus car il était tard, mais au son de toujours-la-même-3 qui passait une version jazzy à la guitare de Pump Up the Jam, reprise par The Lost Fingers, qui sonnait super bizarre, je me demandai subitement si je m’étais vraiment éveillé ce matin.

Il y a trois ans, je m’éveillais au doux son de la rediff’ de la première de 2-0 en cabine, la principale attraction de la coupe du monde de foute qu’on était tous fans et que je n’avais pas pu écouter la veille pour cause de Muse. Ignacio Chollet, épouse-moi.

Il y a deux ans, je m’éveillais au doux son d’Au milieu du village, promenade dominicale, la compilation hebdomadaire du monument de bon goût et de sociologie qu’était Au milieu du village, ce qui montrait bien que je change rarement de crèmerie radiophonique.

Il y a un an, je m’éveillais au doux son de Plata O Plomo de Soulfly dans Que de la radio, sur la 3 et ce pour la dernière année, vu que le Dujany se cassait à la fin de la saison pour aller voir ailleurs s’il y était, mais seulement après qu’il eut finit d’imiter Max Cavalera dans le poste.

Aujourd’hui, je m’éveille au doux son du Ghost Rider de Suicide qui clôt l’épisode sur le CBGB de la semaine spéciale Famous Nightclubs d’Audioguide dans le Bronx sur devine-un-peu-quelle-radio.

 

Il y a neuf ans, il faisait beau.

Il y a huit ans, il faisait beau aussi.

Il y a sept ans il faisait beau et surtout chaud, j’étais déjà liquéfié alors qu’il n’était que 10h et ça, ça suçait grave.

Il y a six ans il faisait gris, ce qui suçait un peu moins.

Il y a cinq ans il faisait gris aussi, ce qui me faisait réaliser que mon histoire se répétait un peu trop, ces temps-là.

Il y a quatre ans, il faisait carrément moche. Ça devenait une tradition.

Il y a trois ans, il faisait moche aussi. Je croyais qu’on m’en voulait personnellement.

Il y a deux ans, GLORIA ALLELUÏA il faisait enfin beau, dis donc.

Il y a un an, il refaisait remoche. ¡Caramba! Encore raté.

Aujourd’hui, il continue à faire moche. C’est désespérant.

 

Il y a neuf ans, nous étions le 12 juin.

Il y a huit ans, nous étions le 12 et un jour, ce qui signifiait que j’étais en retard.

Il y a sept ans, nous étions le 12 juin, ce qui voulait dire que je sais retenir les leçons du passé.

Il y a six ans, nous étions encore le 12 juin, et je n’avais réalisé que 5 minutes auparavant que le 12 juin, c’était il y a six ans.

Il y a cinq ans nous étions, c’est fou ça, le 12 juin.

Il y a quatre ans nous étions, grâce à l’implacable régularité cyclique super-prévisible du calendrier grégorien, deviniez quoi ? Le 12 juin.

Il y a trois ans, nous étions justement un il y a trois ans qui tombait un 12 juin. Mais pas le même que les autres.

Il y a deux ans, nous étions la veille du 13 juin et donc le 12. C’était épatant.

Il y a un an, nous étions encore le 12 juin, croyais-je.

Aujoud’hui, il me semble, si je me souviens bien, que, voyez-vous, nous sommes le 12 juin.

 

Voilà, neuf ans. Comme le dit le philosophe : We lived through another day, it’s a good excuse to celebrate.

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1 Et deux années plus tard, je me décidai enfin à vous expliquer pourquoi.

2 Que je conseille au passage toujours toujours toujours autant pour les commentaires qu’il fait tout au long du morceau. Il est chez le belögue mort de Vox.