Le Trabendo, Paris, 5 décembre 2012.
Sans les barrières de la scène, le Trabendo 2.0 est un cauchemar pour les photos. Surtout avec un artiste qui chante presque dans le noir. Heureusement, avec Lanegan c’est moins problématique, puisqu’il reste stoïque. Lanegan, c’est le charisme le plus figé que je connaisse. Une présence monolithique. On l’écoute, on le regarde et on fait comme lui, on ne bouge pas. Lui reste imperturbable, figé, les yeux presque toujours clos, le pied coinçant un pied de micro dans lequel les mains ont forcément laissé leurs empreintes, à force de le serrer de la même manière tous les soirs.
20 minutes à rôder dans la salle. Dans mon jargon personnel, j’appelle ça « faire la poule ». Tu tournes sans but, tu t’arrêtes l’œil errant, à la recherche d’un angle ou d’un détail quelconque, tu fais demi-tour brusquement et tu recommences 2 m plus loin. Exactement comme une poule grattant le sol de son poulailler pendant des heures, à la recherche d’un ver de terre.
Je sors 5 photos. Puis tourne encore, à tout hasard. Et je le vois. Difficile de le louper, éclairé comme il est dans le noir de la salle. Imperturbable, présent sans être là, hier à Londres, après-demain à Madrid mais toujours derrière son stand. Mon ver de terre du soir.