présente
2011 en 10 albums et des brouettes
10 | PJ Harvey — Let England Shake
Island – 11 février 2011
Trois moments à retenir de Let England Shake : un coucher de soleil à Avoriaz, un concert bizarre à Arras sans qu’on puisse prendre de guitare en photo et un après-midi passé à le réécouter en nettoyant les pétouilles d’une photo d’un monument aux morts allemand de la bataille de Gravelotte, activité à laquelle oncques disque ne se prêta aussi bien. En 2007, White Chalk sentait la fin de cycle. Aujourd’hui, ne comprenant pas vraiment vers où PJ Harvey s’en va, je ne sais pas trop quoi dire. L’album de toute une génération d’observateurs de couchers de soleil alpins nettoyant des pétouilles de photos de monuments aux morts allemands de la bataille de Gravelotte, peut-être, mais ça ferait un peu réducteur. [En photos →]
9 | The Go! Team — Rolling Blackouts
Memphis Industries – 31 janvier 2011
La redéfinition de l’épithète tonitruant. Rolling Blackouts te prend comme un big band de stade étasunien, te secoue une heure et ne te relâche que 11 titres plus tard complètement rincé. Wahou. [En photos →]
8 | R.E.M. — Collapse into Now
Warner Bros. – 7 mars 2011
À vrai dire, je ne me l’explique pas non plus. Le fait est qu’à force de s’incruster un peu partout autour de moi tout au long de l’année, Collapse into Now a fini par laisser des traces. Il est rare que les gros groupes s’en aillent sur d’aussi beaux barouds d’honneur. [En photos →]
7 | Noel Gallagher’s High Flying Birds — Noel Gallagher’s High Flying Birds
Sour Mash – 17 octobre 2011
Tout le monde savait que Noel Gallagher allait signer le meilleur des deux albums post-Oasis, hein. Face à un album dont, je cite, mes « trois titres préférés […] sont Celui-qui-sonne-comme-Instant-Karma, Celui-avec-le-même-refrain-que-Get-Back et Celui-à-la-rythmique-repompée-sur-My-Generation » [14 mars], c’était facile. Malgré tout, le sabordage d’Oasis ne nous donne que deux demi-albums. Chacun a eu sa part du bateau : à Noel Gallagher le gouvernail, aux autres les voiles et la quille. Beady Eye lâche donc un Different Gear, Still Speeding qui démarre en fanfare droit dans le mur ; les piafs de Noel Gallagher, malgré de bonnes impressions, s’époumonent bien vite sans vraiment faire voler ses compos très haut. Suffit de comparer deux morceaux proches comme Falling Down sur le dernier Oasis et AKA… What a Life! sur celui-ci pour s’en convaincre : Noel Gallagher[‘s High Flying Birds] malgré d’excellentes intentions, manque de gras pour réussir le coup d’éclat. [En photos →]
6 | The Kills — Blood Pressures
Domino Recordings – 04 avril 2011
Blood Pressures s’est autant fait rembarrer à sa sortie que l’Angles des Strokes — qui l’avaient bien cherché —, mais pour des raisons diamétralement opposées. Pendant que Casablancas et ses copains se faisaient lapider à cause de leur disque bien trop aventureux et sa pochette au vomi, les Kills s’en mangeaient tout autant à cause de leur disque bien pas assez aventureux du tout, ce qui est tout à fait hypocrite quand on considère que l’idée de la rythmique en table de ping-pong, franchement, fallait la trouver. Blood Pressures n’est pas le meilleur album des Kills mais il marche du premier coup, il tient ses promesses, il a une rythmique en table de ping-pong, il contient la plus belle ode au Ricard® de l’histoire de la musique populaire [« all the pastis behind me » dans The Last Goodbye, ça m’arrache des larmes à chaque fois] et il atterrit dans ta discothèque comme s’il en avait toujours fait partie. Rien à demander de plus. Pour l’instant. [En photos →]
5 | Tom Vek — Leisure Seizure
Island – 6 juin 2011
Je pensais l’avoir oublié, Tom Vek. Laissé avenue Lefru-Frollin, dans des matins meilleurs aux croissants trempés dans le clip d’I Ain’t Saying My Goodbyes. En fait, je crois que je n’avais même pas aimé We Have Sound. 6 ans après, Leisure Seizure donne l’effet contraire. Entrée en matière surprenante grâce à la rotation incessante d’A Chore à la radio tout l’été durant, écoute curieuse, adhésion totale et directe. Le genre de disque qu’on s’écoute en faisant d’inlassables tours de métro seul la nuit. Une redécouverte complète. [En photos →]
4 | The Naked and Famous — Passive Me, Aggressive You
Somewhat Damaged, 6 septembre 2010
Singles « imparables », un côté TV on the Radio assumé (Jilted Lovers), de l’épaisseur, du fignolage, de l’efficacité et même un riff piqué aux Foo Fighters (A Wolf in Geek’s Clothing). Après la défection des Datsuns, la nouvelle Nouvelle-Zélande replacée sur la carte. Sûrement la meilleure surprise pop de l’année. [En photos →]
3 | Florence and the Machine — Ceremonials
Island, 28 octobre 2011
Le Kasabian mis à part, on peut parler de meilleur album attendu au tournant de l’année. Ceremonials ne déçoit pas ; il confirme, même, à coups de Shake It Out, de No Lights, No Lights et de Heartlines épiques et prenants. Plus difficile à imposer que Lungs, dans la mesure où il n’offre pas vraiment de singôle irrésistible, peut-être, mais qu’importe : l’essentiel est déjà fait. Welch avait mis en place un univers, voilà qu’elle le fait vivre. Il ne s’agit plus de capter du monde mais de continuer l’aventure, et elle y arrive très bien. Vivement les Casino de Paris de mars. [En photos →]
2 | The Joy Formidable — The Big Roar
Atlantic, 24 janvier 2011
Beaucoup reprochent à The Joy Formidable leur côté prog-rock trop assumé qui envoie régulièrement leurs morceaux friser les 7 minutes dans des déluges de guitares sans fin. D’accord, faut aimer, j’en conviens. Suis vacciné, pour ma part, après des années passées à écouter Muse. N’empêche que, et malgré des passages pompeux parfois trop lourds mais toujours imposants (A Heavy Abaccus traînard et Buoy pachydermique, genre, faut aimer) The Big Roar bazarde du tronc d’arbre presque autant que The Joy Formidable lui-même sur scène. Et ça, mon pote, c’est pas peu dire venant d’un groupe qui fait autant de bruit par personne. [En photos →]
1 | Kasabian — Velociraptor!
Columbia, 16 septembre 2011
Pas vraiment l’album de l’année mais bien le premier du classement. Malgré le départ plombé de Let’s Roll the Dice Just Like We Used to et une Fée verte neurasténique, les Leicesterois alignent un Days Are Forgotten taillé pour être repris en chœur par des stades entiers, un Velociraptor! taillé pour rendre dingue des stades entiers et même un Goodbye Kiss pour faire valser dans les chaumières pendant que des stades entiers vont refaire le plein de bière. Malgré les lenteurs qui l’entravent çà et là — sérieux, mais pourquoi I Hear Voices ??? — ce captieux quatrième effort s’impose sans l’air de rien. Une réussite, plus encore que l’était The West Ryder Pauper Lunatic Asylum. La suite promet, encore. On a Kasabian s’tenir1. [En photos →]
Accessits :
- TV on the Radio — Nine Types of Light [En photo →]
- I’m from Barcelona — Forever Today [En photo →]
- The Vaccines — What Did you Expect from the Vaccines? [En photo →]
- The Pack A.D. — Unpersons [En photo →]
- The Pains of Being Pure at Heart — Belong [En photo →]
Sans oublier
Hors concours :
The Black Keys — El Camino
Warner Bros., 2 décembre 2011
Le bureau d’écoute informe messieurs Auerbach et Carney qu’il arrête traditionnellement ses listes le 1er décembre de l’année en cours et que cette règle ne saurait souffrir aucune exception. Bonnes fêtes de fin d’année à vous. Non mais. [En photos →]
Meilleure carte postale :
- Amanda Palmer — Amanda Palmer Goes Down Under
Meilleures blagues :
- The Strokes — Angles
- Radiohead — The King of Limbs
Meilleur testament :
- The White Stripes — Live in Mississippi
Meilleur album de famille :
- Pearl Jam — Pearl Jam Twenty
avec
2010 en 10 albums de la muerte
- Arcade Fire — The Suburbs
- Florence and the Machine — Lungs
- Grinderman — Grinderman 2
- The Dead Weather — Sea of Cowards
- The Black Keys — Brothers
- Black Rebel Motorcycle Club — Beat the Devil’s Tattoo
- Woodpigeon — Die Stadt Muzikanten
- Archie Bronson Outfit — Coconut
- The Black Angels — Phosphene Dream
- Blood Red Shoes — Fire Like This
2001 en 3 disques sortis en compact disc
- Oasis — Familiar to Millions
- My Vitriol — Finelines
- Muse — Origin of Symmetry
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1. Ce calembour moisi n’est là que parce que… euh… j’ai perdu un pari, disons. Voilà.