Les deux concerts les plus vides de ma vie étaient Gary Jules au Magic Stick le 23 mai 2004 ― 32 personnes dont deux barmen ― et Sad Day for Puppets en septembre dernier. Jusqu’à hier soir et ses 15 gens collés contre les murs du Divan du Monde. Tous les autres doivent être allés voir le Docteurouze jouer au Trianon. Bonjour l’ambiance de boum de collège. Broken Records ne se démontent pas pour autant, jouent aussi fort que si la salle était pleine et y mettent toute l’énergie que peut inspirer une audience restée presque unanimement à 12 m de la scène. De prime abord, on penserait à Arcade Fire ― depuis 2005, tout le monde pense à Arcade Fire dès qu’on voit la queue d’un violon ―, mais pour trouver un bon comparatif à Broken Records, il faut plutôt aller chercher du côté des Frames pour leur violon en flammes, leur vénération assumée pour Johnny Cash et leur plaisante propension à finir leurs morceaux dans le bordel le plus joyeux. L’ambiance reste bizarre, évidemment, mais les efforts déployés par Jamie Sutherland pour chauffer l’ambiance finissent par payer : on se parle, on échange, pour un peu on se présenterait un par un, on se concerte pour choisir le prochain morceau. Pas de rappel, évidemment, mais une fin de show dans la salle où le groupe descend pour serrer la main aux 19 personnes du public1. Si Broken Records finissent au Stade de France dans 10 ans, on pourra faire grave les malins.
Broken Records – A Darkness Rises Up
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1 Soient les 15 du début plus quatre Ricains arrivés en retard.