Red Death at 20h04.

Quand j’ai lu la nouvelle, j’ai pleuré.

• Puis j’ai refusé d’y croire.
• Puis j’ai rejeté la faute sur les mafieux mexicains qui squattent nuit et jour devant Third Man pour faire du trafic de disques rares et sur les fans de fouteballe qui ont fait de l’insupportable Seven Nation Army un hymne beauf. Tout le monde arrêterait son groupe si des fans de fouteballe faisaient de sa musique un hymne beauf. Même René la Taupe.
• Puis j’ai reniflé.
• Puis j’ai soupçonné les Francs-Maçons, les Illuminati et la confrérie de la saucisse de choux d’Arconsat d’avoir orchestré ce drame comme ils l’avaient fait pour Elvis Jackson, en les envoyant sur une île déserte sur laquelle personne ne peut aller même en s’écrasant en avion.
• Puis j’ai consulté mes archives photos sur le sujet [en pleurant].

Après ça, il était 20h32 alors je suis allé noyer mon chagrin dans l’alcool et le vacherin mont-d’or fondu avant de me coucher en réalisant que nous étions le jour de la marmotte et que si ça tombe tout cela allait recommencer le lendemain dans les mêmes conditions dramatiques.

Ce matin midi, si j’étais un acariâtre photographe trop bath pacsé avec Jimmy Page, je ferais une notasse pleine de photos inédites comme celle du jour où Jack White, Jimmy Page et moi avions fait du ski nautique à Omaha ou cette autre du jour où Jeff Beck nous avait tous invités à un barbecue dans le jardin de sa yourte et que Meg White avait bien rigolé quand Jimmy Page avait avalé sa saucisse de choux d’Arconsat de travers, avant de conclure en rappelant que de toute façon, dans le rock et roll y a que le pognon qui compte et qu’ils finiront par revenir dans 10 ans tout ridés en emplissant deux stades de France et qu’on risque pas d’y mettre les pieds, Jimmy Page et moi.

Comme je suis plutôt un barbouilleur de pixels minable, je m’en tiendrai à une notasse très sentimentale rappelant le concert de Blanche où Jack White a fait gouzi-gouzi ou le concert de Blanche où Meg White a ruiné mes espoirs, bien sûr, mais aussi des photos qui n’ont que peu à voir, comme celle du jour où j’ai failli provoquer un accident en hurlant dans la voiture OH MON DIEU MAIS C’EST L’HÔTEL YORBA, celle du soir où Dieu exista, celle du jour où je suis revenu chez Encore, celle du jour où j’ai cru voir Meg White dans le bus nonante-six, celle du jour en jaune ou celle du jour où nous avons couru dans tout Londres pour choper un 45 tours jeté dans le NME.

Une liste de liens vaut mieux qu’un long discours. Cela montre l’importance qu’acquièrent les choses futiles sur la longueur, l’enracinement qu’elles finissent par prendre dans nos vies et cela justifie les notes de dix pages sur la séparation d’un groupe. Les White Stripes furent le leitmotiv de mon Michigan, le filigrane du conjugué, le dernier groupe que j’admirai façon groupie. C’est la fin d’une énième innocence, inattendue mais pas surprenante, puisqu’elle intervient près de 4 ans après le dernier album et longtemps après… une époque. La nouvelle choque toutefois plus que pour Oasis ― même si pour Oasis ce fut douloureux ― car on ne pensait pas que les White Stripes jetteraient l’éponge avant leur apogée ; mais contrairement à Oasis, ils finissent avec classe ; contrairement à Oasis, ils ne laissent pas quelques albums de trop derrière eux ; contrairement à Oasis, enfin, ils ont eu la délicatesse de me laisser les prendre ― tant bien que mal ― en photo avant de disparaître, ce qui me permet de conclure en [re]sortant les images de ce qui restera le dernier Zénith¹.

Voilà.

Et, pour ne pas hésiter des heures, de terminer avec ce que l’histoire retiendra comme leur dernier titre que j’ai écouté sans hurler « POURQUOI MON DIEU, POURQUOI ?? », le 28 janvier dernier à 18h16²…

… avant de vous envoyer voir la rétrospective du NME et de finir, bien entendu, avec le White Moon qui clôt le dernier dévédé chez le SKa qui nous avait pourtant bien prévenus en avril dernier.

Et demain, hein, bon, un nouveau jour.