La formule a évolué en deux ans. C’est une bonne chose, d’ailleurs, quand on considère ce Sunday at Devil’s Dirt qui, en 2008, laissait un arrière-goût de redite pas vraiment à la hauteur de Ballads of the Broken Seas. Sur Hawk, Campbell et Lanegan ont varié les plaisirs, invitant du monde, se faisant deux reprises, se laissant ici ou là l’exclusivité des vocaux. La transposition sur scène de cet assemblage hétéroclite rend l’ensemble plus énergique que par le passé, gommant les temps morts, gardant la salle captivée. La relation Campbell-Lanegan, même, semble avoir évolué, gagné en complicité. L’homme joue toujours les ours autistes mais se montre plus souriant, les yeux rivés sur sa partenaire, complètement dominé mais ne demandant pas mieux. Parce que la chef de la bande ― avec l’arrivée de Willy Mason à la place de Lanegan sur deux titres, c’est encore plus flagrant ―, ça reste Campbell. Lanegan est là pour faire joli. Ou moins joli, justement, puisque c’est grâce à sa voix goudronnée empêchant celle plus neigeuse de Campbell de s’envoler que l’édifice tient debout. Lanegan, c’est le cul de plomb sauve Isobel le canard en plastique du chavirage dans un océan de glucose. Le goudron sur les sabots de la licorne. Mais on s’égare, encore.
Retenons simplement que ce Café de la Danse fut convaincant : meilleure ambiance et aussi meilleure interaction, culminant avec ce fou rire général quand Campbell et Lanegan se plantent au milieu de (Do You Wanna) Walk with Me?, exactement comme il y a (déjà) deux ans. Tout va mieux en restant identique, c’est beau. Pourvuxadure.
Isobel Campbell & Mark Lanegan – You Won’t Let Me Down Again