Habituellement, quand un de ces groupes indés qui marchent bien aux États-Unis et restent presque inconnus en France se pointe ici, il se retrouve dans une petite salle à jouer devant un parterre presque entièrement constitué de Ricains tout contents de profiter de l’aubaine d’une si petite scène. Ce qui rend ce soir-là différent, c’est que la première partie est assurée par I Love UFO, qu’I Love UFO a un nouvel album à fêter et qu’I Love UFO est venu avec toute son équipe, sur scène et dans la salle ; pendant une heure, au milieu des pompoms girls de l’enfer, ce sera tempête sonique sur la Flèche, le déluge de gros sons, l’ouragan de guitares. I Love UFO nous lâche son mur de décibels en pleine poire et la transe qui habite leur chanteur, Butch McKoy, gratteux arraché comme on n’en fait plus assez, finit par se transmettre au premier rang quand il saute dedans pour le secouer dans la sueur et l’effroi. Le quatuor torche son heure de set avec dix minutes d’une construction instru qui monte en lancinant, arrache tout en lacérant et s’en va en égrenant les musiciens hors de scène et tout se calme. Grosse fête. Voilà.
Après, forcément, quand on est venu voir un groupe du Minnesota en forme de Bisounours en Converse, tomber sur ce genre de première partie fait peur. Et vice-versa. Du coup, quand The Hold Steady monte sur scène, une bonne partie du premier rang parle subitement ricain et se serre très très fort au point de décourager le photographe tentant de revenir devant. Le photographe reste alors 5 minutes sur le côté pour faire quatre photos et va rejoindre Copain au fond pour voir tout ça de loin. Copain trouve ça vachement bien, même si « le maniérisme de Craig Finn ― le chanteur ― est super ringard », ce que Copain adore, d’ailleurs. À l’heure où le photographe écrit cette notasse, Copain a mis comme statut sur un réseau social bien connu qu’il « a bien quiphé les ploucs de The Hold Steady hier soir à la Flèche d’Or, et échangerait bien mille Christophe Maé et deux mille Michel Sardou contre eux ». Il est comme ça, Copain, il est prodigue du Sardou.
Mais on s’égare.
Pour résumer, disons que The Hold Steady c’est ach’te bien et qu’I Love UFO c’est ach’te mieux, pour peu qu’on porte des Docs.
Si jamais vous portez plutôt des Converse, inversez l’affirmation précédente.
Et si vous portez des tongs, allez voir Camping 2.
Rogue Wave – 10:1