Rue Michel-le-Comte, Paris, 8 mai.
Non mais là c’est plutôt une mobylette qu’un escalier, donc ça compte pas.
Hum.
Ah et puis :
Il y a six ans, les Pistons de Détroit étaient en finale NBA.
Il y a cinq ans, les Pistons de Détroit étaient encore en finale NBA.
Il y a quatre ans, les Pistons de Détroit étaient en vacances après s’être fait vider comme des nazes en six manches de finale de conférence par Miami.
Il y a trois ans, les Pistons de Détroit étaient toujours en vacances, cette fois-ci grâce à Cleveland.
Il y a deux ans, j’en avais marre de ressasser chaque année des histoires de basket, ce sport de nase, tout ça à cause de la grève de 2004 qui m’avait forcé à causer dès l’origine de basket, ce sport de nase, plutôt que de hockey sur glace. Cette année-là, donc, les Red Wings de Détroit emportèrent le championnat et tout le monde fut content, sauf moi1.
Il y a un an, j’étais persuadé que Détroit allait sûrement redevenir champion en regagnant contre rePittsburgh puisque le septième match de la finale, c’était le soir-même et que sur les 14 fois précédentes où la coupe s’était jouée en sept manches, l’équipe qui accueillait avait gagné 12 fois. Je pensais que c’était pas plus mal, parce que ça allait donner au moins un truc à fêter dans le Michigan cette année-là. Manque de pot, Pittsburgh a gagné 2-1, ce qui prouve bien que dans la vie, rien n’est gagné d’avance.
Cette année, Détroit s’est fait éliminer par San Jose en demi-finale de conférence, Chicago a remporté le championnat pour la première fois depuis 1961 et s’est rebaptisé Hawkeytown pour faire la nique au Hockeytown de Détroit, ce que je trouve fort drôle car j’ai toujours préféré Chicago à Détroit.
Il y a six ans, je petit-déjeunais avec des cookies Pepperidge Farm au milieu d’un bureau quelque part à Pontiac.
Il y a cinq ans, je petit-déjeunais avec des cookies Hello de Lu au milieu d’un bureau quelque part à Évry.
Il y a quatre ans, je petit-déjeunais avec des Prince chocolat au milieu d’un bureau quelque part à Clamart parce qu’on était lundi.
Il y a trois ans, je petit-déjeunais avec un Panier de Yoplait au milieu de toujours le même patin de bureau. Je me sédentarisais un peu trop, là.
Il y a deux ans, je petit-déjeunais avec des tartines beurrées au milieu d’encore le même !@#$ de bureau, au secours quelqu’un, mais personne ne vînt.
Il y a un an, je petit-déjeunais tard avec un sandwich au milieu d’un bureau dont je n’osai même pas avouer l’emplacement.
Aujourd’hui, je petit-déjeune avec un café au milieu d’un endroit qui n’est pas un bureau, parce que c’est samedi.
Il y a six ans, j’allais voir Franz Ferdinand au Majestic Theater de Détroit.
Il y a cinq ans, j’allais voir Ghinzu à l’Olympia de Paris.
Il y a quatre ans, j’allais voir si j’allais voir Guillemots à la Boule Noire de Paris ce soir-là ou bien, pour ne finalement pas y aller.
Il y a trois ans et un jour, les White Stripes au Zénith de Paris. Les quatre jours suivants, Mademoiselle K à l’Élysée-Montmartre de Paris puis au Trabendo de Paris. Y’avait pas à dire, on avait pas des vies faciles. Et je passais beaucoup trop de temps à Paris.
Il y a deux ans, j’allais voir Supergrass à l’Élysée-Montmartre de Paris, qui comme son nom l’indiquait, était toujours à Paris, donc moi aussi.
Il y a un an, j’allais peut-être voir Elmer Food Beat toujours dans le même Élysée-Montmartre de Paris, parce qu’un photographe de rock et de roll a raté sa vie si, à 50 ans, il n’a jamais photographié de chanteur bedonnant en zlip kangourou. Et j’y allai. Ma vie fut sauvée ce soir-là.
Aujourd’hui, après être allé hier soir au Stade de France de Saint-Denis, juste à côté de Paris, avec plein de gens, voir Muse se produire, je revais ce resoir au reStade de France de reSaint-Denis, rejuste à côté de reParis, avec replein de gens, pour revoir Muse se reproduire. Oh mon dieu. C’est un piège.
Il y a six ans, je m’éveillais le matin au doux son de Bonjour Le Monde !, sur CBEF Windsor, avec Charles Lévesque et Maryse Tourette, dans ma voiture lancée à vive lenteur sur Orchard Lake Road.
Il y a cinq ans, je m’éveillai au doux son de Marylin Manson, dans mon RER D lancé à vive lenteur sur RER D Trail.
Il y a quatre ans, je m’éveillais au doux son de Wayne Coyne introduisant son acoustique de Thank You Jack White (For The Fiber-Optic Jesus That You Gave Me)2 par « Always read the instructions before plugging in a gift from Jack White. »
Il y a trois ans, je m’éveillais doucement au doux son de Que de la radio sur la 3, en bénissant une fois de plus le ciel pour avoir inventé la Suisse.
Il y a deux ans, je m’éveillais doucement au doux son de la douce voix d’Émilie Gasc-Milesi visitant le musée d’ethnographie de G’nève, avant d’envoyer Beck chanter Cellphone’s Dead, un titre pas entendu depuis pfioulala-ça-nous-rajeunissait-pas, toujours dans Que de la radio et toujours sur la 3, c’était dingue.
Il y a un an, je ne m’éveillais plus car il était tard, mais au son de toujours-la-même-3 qui passait une version jazzy à la guitare de Pump Up the Jam, reprise par The Lost Fingers, qui sonnait super bizarre, subitement je me demandai si je m’était vraiment éveillé ce matin.
Aujourd’hui, je m’éveille au doux son de rediff’ de la première de 2-0 en cabine, la principale attraction de la coupe du monde de foute qu’on est tous fans et que j’ai pas pu écouter hier pour cause de Muse. Ignacio Chollet, épouse-moi.
Il y a six ans, il faisait beau.
Il y a cinq ans, il faisait beau aussi.
Il y a quatre ans il faisait beau et surtout chaud, j’étais déjà liquéfié alors qu’il n’était que 10h et ça, ça suçait grave.
Il y a trois ans il faisait gris, ce qui suçait un peu moins.
Il y a deux ans il faisait gris aussi, ce qui me faisait réaliser que mon histoire se répétait un peu trop, ces temps-là.
Il y a un an, il faisait carrément moche. Ça devenait une tradition.
Aujourd’hui il fait moche aussi. Je crois qu’on m’en veut personnellement.
Il y a six ans, nous étions le 12 juin.
Il y a cinq ans, nous étions le 12 et un jour, ce qui signifiait que j’étais en retard.
Il y a quatre ans, nous étions le 12 juin, ce qui voulait dire que je sais retenir les leçons du passé.
Il y a trois ans, nous étions encore le 12 juin, et je n’avais réalisé que 5 minutes auparavant que le 12 juin, c’était il y a trois ans.
Il y a deux ans nous étions, c’est fou ça, le 12 juin.
Il y a un an nous étions, grâce à l’implacable régularité cyclique super-prévisible du calendrier grégorien, deviniez quoi ? Le 12 juin.
Aujourd’hui, nous sommes justement aujourd’hui qui tombe un 12 juin. Mais pas le même que les autres.
Voilà, 6 ans. On verra si on en fait 7.
Primal Scream – Urban Guerilla
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1 Et deux ans plus tard, je me décide enfin à vous expliquer pourquoi.
2 Que je conseille au passage toujours toujours toujours autant pour les commentaires qu’il fait tout au long du morceau. Il est chez le belögue mort de Vox.