Plaète Mars, Paris, 11 juin.
Oasis – Cigarettes & Alcohol
Il y a cinq ans, les Pistons de Détroit étaient en finale NBA.
Il y a quatre ans, les Pistons de Détroit étaient encore en finale NBA.
Il y a trois ans, les Pistons de Détroit étaient en vacances après s’être fait vider comme des nazes en six manches de finale de conférence par Miami.
Il y a deux ans, les Pistons de Détroit étaient toujours en vacances, cette fois-ci grâce à Cleveland.
Il y a un an, j’en avais marre de ressasser chaque année des histoires de basket, ce sport de nase, tout ça à cause de la grève de 2004 qui m’avait forcé à causer dès l’origine de basket, ce sport de nase, plutôt que de hockey sur glace. Cette année-là, donc, les Red Wings de Détroit emportèrent le championnat et tout le monde fut content, sauf moi1.
Aujourd’hui, Détroit va sûrement redevenir champion en regagnant contre rePittsburgh puisque le septième match de la série, c’est ce soir et que sur les 14 fois précédentes où la coupe s’est jouée en sept manches, l’équipe qui accueillait a gagné 12 fois. C’est pas plus mal, notez, ça donnera au moins un truc à fêter dans le Michigan cette année.
Il y a cinq ans, je petit-déjeunais avec des cookies Pepperidge Farm au milieu d’un bureau quelque part à Pontiac.
Il y a quatre ans, je petit-déjeunais avec des cookies Hello de Lu au milieu d’un bureau quelque part à Évry.
Il y a trois ans, je petit-déjeunais avec des Prince chocolat au milieu d’un bureau quelque part à Clamart parce qu’on était lundi.
Il y a deux ans, je petit-déjeunais avec un Panier de Yoplait au milieu de toujours le même câlisse de bureau. Je me sédentarisais un peu trop, là.
Il y a un an, je petit-déjeunais avec des tartines beurrées au milieu d’encore le même !@#$ de bureau, au secours quelqu’un, mais personne ne vînt.
Aujourd’hui, j’ai petit-déjeuné tard avec un sandwich au milieu d’un bureau dont je n’ose même pas avouer l’emplacement.
Il y a cinq ans, j’allais voir Franz Ferdinand au Majestic Theater de Détroit.
Il y a quatre ans, j’allais voir Ghinzu à l’Olympia de Paris.
Il y a trois ans, j’allais voir si j’allais voir Guillemots à la Boule Noire de Paris ce soir-là ou bien, pour ne finalement pas y aller.
Il y a deux ans et un jour, les White Stripes au Zénith de Paris. Les trois jours suivants, Mademoiselle K à l’Élysée-Montmartre de Paris puis au Trabendo de Paris. Y’avait pas à dire, on avait pas des vies faciles. Et je passais beaucoup trop de temps à Paris.
Il y a un an, j’allais voir Supergrass à l’Élysée-Montmartre de Paris, qui comme son nom l’indiquait, était toujours à Paris, donc moi aussi.
Aujourd’hui, je vais peut-être voir Elmer Food Beat toujours dans le même Élysée-Montmartre de Paris, parce qu’un photographe de rock et de roll a raté sa vie si, à 50 ans, il n’a jamais photographié de chanteur bedonnant en zlip kangourou.
Il y a cinq ans, je m’éveillais le matin au doux son de Bonjour Le Monde !, sur CBEF Windsor, avec Charles Lévesque et Maryse Tourette, dans ma voiture lancée à vive lenteur sur Orchard Lake Road.
Il y a quatre ans, je m’éveillai au doux son de Marylin Manson, dans mon RER D lancé à vive lenteur sur RER D Trail.
Il y a trois ans, je m’éveillais au doux son de Wayne Coyne introduisant son acoustique de Thank You Jack White (For The Fiber-Optic Jesus That You Gave Me)2 par « Always read the instructions before plugging in a gift from Jack White. »
Il y a deux ans, je m’éveillais doucement au doux son de Que de la radio sur la 3, en bénissant une fois de plus le ciel pour avoir inventé la Suisse.
Il y a un an, je m’éveillais doucement au doux son de la douce voix d’Émilie Gasc-Milesi visitant le musée d’ethnographie de G’nève, avant d’envoyer Beck chanter Cellphone’s Dead, un titre pas entendu depuis pfioulala-ça-nous-rajeunissait-pas, toujours dans Que de la radio et toujours sur la 3, c’était dingue.
Aujourd’hui, je ne m’éveille plus car il est tard, mais au son de toujours-la-même-3 qui passe une version jazzy à la guitare de Pump Up the Jam, reprise par The Lost Fingers, qui sonne super bizarre, subitement je me demande si je me suis vraiment éveillé ce matin.
Il y a cinq ans, il faisait beau.
Il y a quatre ans, il faisait beau aussi.
Il y a trois ans il faisait beau et surtout chaud, j’étais déjà liquéfié alors qu’il n’était que 10h et ça, ça suçait grave.
Il y a deux ans il faisait gris, ce qui suçait un peu moins.
Il y a un an il faisait gris aussi, ce qui me faisait réaliser que mon histoire se répétait un peu trop, ces temps-là.
Aujourd’hui il fait carrément moche. Ça devient une tradition.
Il y a cinq ans, nous étions le 12 juin.
Il y a quatre ans, nous étions le 12 et un jour, ce qui signifiait que j’étais en retard.
Il y a trois ans, nous étions le 12 juin, ce qui voulait dire que je sais retenir les leçons du passé.
Il y a deux ans, nous étions encore le 12 juin, et je n’avais réalisé que 5 minutes auparavant que le 12 juin, c’était il y a deux ans.
Il y a un an nous étions, c’est fou ça, le 12 juin.
Aujourd’hui nous sommes, grâce à l’implacable régularité cyclique super-prévisible du calendrier grégorien, devinez quoi ? Le 12 juin.
Joyeux lustre à ce journal. On verra s’il passe la décennie.
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1 Et je dois toujours vous expliquer pourquoi.
2 Que je conseille au passage toujours toujours toujours autant pour les commentaires qu’il fait tout au long du morceau. Il est chez le belögue mort de Vox.