Comme je n’ai pas pu faire le concert de The Kilts au Bataclan hier soir, sautons du Coca Light et causons plutôt décalage de pistes.
Tout le monde connaît donc la théorie des 17 secondes sur le Kid A de Radiohead.
Hum ?
Bon, tout ceux qui ne connaissent pas la règle des 17 secondes sur le Kid A de Radiohead, je vous aurais bien invités à écouter l’épisode de feu Vox du 23 octobre 2006, mais le MP3 n’est plus en ligne1, ce qui m’oblige à vous le résumer : en gros quand on se met Kid A en double avec un décalage de 17 secondes entre les deux copies, on obtient un truc neuf et cohérent. Comme je suis sympa, je vous donne deux exemples :
- Everything in its Right Place
- Idioteque
Évidemment, d’aucuns me rétorqueront que « de toutes façons Radiohead c’est toujours la même soupe, alors doubler leurs compos ne fera que doubler le bordel et tout ça sonnera comme du Radiohead puisque 0 plus 0 ça fait toujours 02. » À ceux-là, je répondrai par un exemple de recouvrement à 17 secondes d’une reprise de Creep par le(s) obscur(s) Xeo, si vous devez n’écouter qu’un MP3 aujourd’hui faites en sorte que ce soit celui-là :
Sur ce, reprenons.
Tout le monde connaît la théorie des 17 secondes sur le Kid A de Radiohead. Si, tout le monde. Même toi. Aujourd’hui, nous évoquerons plutôt la théorie des 0 secondes sur 9 de Damien Rice.
Elephant et Sleep Don’t Weep sont tous deux en phase avec, respectivement, The Blower’s Daughter et Cold Water sur le premier album de l’Irlandais déprimé. Mélodies semblables, rythmes similaires, dans les deux cas l’association des deux titres donne un effet de crise de dédoublement de personnalité du chanteur, dont les deux hémisphères vocaux décident de chanter chacun un truc en se foutant ouvertement de la gueule de l’autre. Pour le reste, ça fonctionne bien, sauf quand Lisa Hannigan intervient dans The Blower’s Daughter, ce qui indique bien que Rice avait manigancé longtemps avant leur rupture artistique de mars 2007 ce stratagème visant à la discréditer en lui taillant un beau costard de grain de sable venant foutre la merde dans ses manipulation inter-discographiques intimes au cas où leur relation musicale arriverait à son terme, ce qui relève du plus pur machiavélisme. Mais là où ça devient intéressant, c’est que Rice nous avait prévenus dès 2003 en intitulant son premier album O, qui peut également se lire 0, soit la valeur exacte à la seconde près du décalage qu’il faut donner au second morceau par rapport au premier pour obtenir l’effet désiré. De là, on peut s’interroger sur la signification du titre de son deuxième album, 9, quant à sa signification mathématique ainsi qu’à l’incidence de cette dernière sur les bidouilles qu’il nous faudra mettre en œuvre lors de la sortie de son troisième disque :
- Décalage de neuf secondes entre les morceaux : classique, déjà fait, ça fait trop resucée de Radiohead, à oublier de suite.
- Décalage de neuf ans entre les albums : là, ça devient intéressant dans la mesure où ce délai de neuf années entre l’écoute des deux disques donne des airs de petit rituel à la chose ; on a subitement envie de s’écouter le deuxième entre potes, puis de se fixer rendez-vous dans 9 ans sur une place honorant des hommes de haute taille pour s’écouter le troisième en se racontant la vie après le lycée. C’est original, personne d’autre n’y a pensé avant, sinon “The Spaghetti Incident?” se serait intitulé 14.
- Inversion du troisième disque : 9 est un chiffre sympa qu’on a souvent envie d’associer à son alter-ego 6 pour d’élémentaires raisons de ying-yang. On peut ainsi déduire, et c’est là un scoop, que le prochain Damien Rice sera livré à l’envers et uniquement en vinyle, qu’il faudra bricoler nos vieilles platines pour inverser leur sens de rotation et que ce n’est qu’en jouant les deux albums simultanément dans cette configuration qu’on pourra en profiter. Il y a de quoi se demander où seront placés les messages sataniques au sein du nouvel album ― depuis Black Sabbath, on trouve dans TOUS les albums des messages à caractère satanique, même dans le BB Brunes ― mais le concept n’en est pas moins révolutionnaire, je vois déjà la maison de disque vanter le truc en clamant partout que Rice a fait du neuf avec son 9.
Ah, j’ai failli oublier les MP3 schizophrènes :
- Elephant / The Blower’s Daughter
- Sleep Don’t Weep / Cold Water
Évidemment, d’aucuns me rétorqueront que « de toutes façons, même en mélangeant n’importe quoi avec n’importe quoi, on obtient toujours de la musique, c’est complètement débile ton truc. » Pour ceux-là, je conclurai sur un mariage consanguin de Kyo et d’Empyr :
2 /Edit : Ah tiens si, il est revenu en ligne. C’est con, mon texte est déjà tapé.
1 Fichtre, cette dernière phrase me donne une folle idée de dessin.