Punaise celle-là est moins bien que la première et la deuxième, je sens que je perds la main.
Ça restera comme une grande soirée d’innovation. D’abord grâce à la camelote post-soviétique de Juyette (sic) qui inventa le panoramique de concert en tranches, mais aussi grâce au management de Mademoiselle K qui tenta une expérience de fosse photo rotative et révolutionnaire1 permettant de peupler le devant de scène de manière parcimonieuse, rythmée et intégrale suivant une théorie que je vous aurais bien exposée dans un fichier Excel si l’idée de refaire une note à schéma manuscrit ― les plus fameuses commencent à dater ― ne m’avait subitement pris comme une envie de choucroute :
Figure 1 : placement stratégique initial des différents acteurs de la soirée.
Les neuf photographes sont donc partagés en trois groupes de trois et on fait tourner ces trois groupes ― respectivement A, B et C ― dans la fosse durant tout le concert à raison de quatre minutes par groupe dans la fosse, sous le chronomètre impartial et l’œil exigeant de maître Ménard, huissier de justice à Paris XVI, ainsi que les bras musclés de deux agents de sécurités prêts à en découdre pour faire respecter la loi artistico-temporelle du lieu, suivant le schéma suivant :
Figure 2 : cycle de rotation photographique prévu durant le concert.
Bon, vu que maître Ménard est coincé dans les embouteillages et que les agents de sécurités sont sympas, on décide tous d’un commun accord de tourner tous les deux morceaux, ce qui simplifie bien les choses, parce que sortir au beau milieu d’un solo risque de perturber le groupe et gâcher sa fête donc ruiner la soirée, avouez que les photographes comme les agents de sécurité font quand même preuve d’un admirable respect pour le travail de l’artiste. Après simplification, on obtient donc le programme suivant :
Figure 3 : cycle de rotation harmonieux imaginé par l’association fertile de photographes et d’agents de sécurité faisant tous preuve de bon sens.
Ce qui est beau, propre, bien embouché et parfait pour que rien ne soit loupé durant la soirée. Tout va parfaitement s’opérer durant le concert, du moins au début, comme le relate l’expérience pratique ci-dessous :
Figure 4 : Résultat de l’insertion de l’élément humain dans la mécanique bien huilée de la logique élémentaire théorique.
Nous pouvons retenir de l’expérience que :
- Le système de rotation c’est très chouette, ça laisse de la place dans la fosse sans que personne ne se marche dessus ni ne bouche la vue du premier rang et tout le monde en sort tellement heureux qu’on se croirait dans un épisode des Bisounours.
- L’éparpillement des différents groupes de photographes m’invite à suggérer aux artistes qui aimeraient repomper le concept ― je les y enjoins ― de vêtir leurs équipes photographiques de dossards à lettres ― ou à animaux, ce qui ajoute un côté scout à l’affaire ― qu’ils peuvent se repasser à loisir quand ils vont et viennent au bar, dans les gradins ou au stand de marchandise, ce qui simplifie l’accès à la fosse.
- Laisser toutes les équipes envahir la fosse pour le final est également une bonne idée, puisque ça limite les jalousies inter-groupes et que si l’on a opté pour les dossard à animaux, cela donne à la fin du concert une ambiance de fin de camp scout où se mélangent les totems de toutes les escouades décidément bon enfant.
Ah, et sinon le show fut évidemment bon, Mademoiselle K est un groupe qui progresse constamment et remet sans cesse en question ses compos, même au bout de 10 fois c’est toujours un bonheur de les voir sur scène.
Et à part ça, rien.
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1 Durant la préhistoire, les photographes pouvaient chouter durant l’intégralité des concerts. Depuis les Stones dans les années 70 ― la légende veut que ça vienne des Stones dans les années 70 ― les photographes n’ont plus droit qu’aux trois premiers morceaux, ce qui craint pour chouter des rappels.