Derrière la première partie prometteuse – mais gâchée par un son de basse pourri – de Caribou, José González s’approprie la Cigale entière dès que le rideau rouge du théâtre s’ouvre sur lui. Assis au milieu de la scène comme Ben Harper l’aurait fait, le songwriter déroule devant une toile de fond en palmiers blancs, enchaînant How Low et Hints avant de dire bonsoir, comme un rituel. Le silence dans la salle est religieux. Tout juste la Cigale frémit-elle quand González en vient à sa reprise de l’Heartbeats de The Knife, ou se permet-elle de taper des mains en rythme sur Lovestain à l’invite du chanteur, « mais attention, ne vous arrêtez pas au milieu du morceau ». Le reste du temps, on écoute les flocons neigeux de sa voix rêveuse tomber un à un sur la douce litanie de notes que ses doigts jouent moins qu’ils caressent. Déconnexion. Un concert de José González, c’est surtout l’assurance de se transporter dans une autre dimension pour la soirée. Au milieu des Down the Line, Stay in the Shade et All You Deliver, même ce qu’on connaissait avant devient différent : Hand on Your Heart de Kylie Minogue est subitement poignant, Teardrop de Massive attaque se paie une envergure de cathédrale et en guise de final, Love Will Tear Us Apart sombre dans une urgence implacable tissée par ce qui semble être une centaine de doigts. « Mais combien ils sont sur scène ? » demande mon voisin en sortant. On ne pourrait mieux résumer la soirée.
José González – Teardrop (Massive Attack cover)
/Edit : et de lire, même si ça n’a rien à voir.