Gare Saint-Pancras, Londres, 18 février.
Aller à Londres c’est se choper de l’Hard-Fi dans la tête à la vue du premier « CCTV operating » de la journée. Aller à Londres c’est tomber nez à nez avec KT Tunstall à l’HMV du coin, reprenant The Drugs Don’t Work en acoustique pour une poignée de fans massés au milieu du rayon metal. Aller à Londres c’est dormir, boire du thé, faire ce pour quoi on est venu et repasser devant le même HMV quatre heures plus tard, où ce coup-ci The Feeling Sewn en chœur pour à peine plus de gens que le matin.
Mais aller à Londres, c’est aussi passer devant des rayons entiers de Q Magazine, de Kerrang! et du NME qui partent comme des petits pains sans ― trop de ― concession. Aller à Londres c’est trouver des Wombats en couverture appelant leurs fans à se pointer en costard à leur Royal Albert Hall du 23 mai, des tonnes de pages affichant des litanies de pubs de concerts déjà complets et des affiches de festival super-chers où les kids se rueront quand même parce qu’ils sont rocks en 2008. Aller à Londres, c’est voir des Jack Johnson disputer la tête des ventes à Michael Jackon et Nickelback1. Aller à Londres, c’est errer dans de kilomètres de rayons CD qui se vendent. Aller à Londres, c’est voir des tonnes de petits groupes fourguer des centaines de milliers d’albums grâce à un seul single quand en France, on se gausse sur le succès de The Dø qui a déjà réussi à en vendre au moins 10 000, si c’est pas 15 000, sors le champagne Patrick. Aller à Londres, c’est croiser des mecs sortant de chez Topman avec des sacs flanqués de slogans « Topman official sponsor of the NME awards 2008 » sans pouvoir imaginer une seconde Celio s’associant à Rock & Folk. Allez à Londres, c’est surtout se demander ce qu’on a bien pu faire au Ciel pour que le châtiment divin nous inflige Indochine, AqME, Plasticines et Superbus.
En résumé, aller à Londres c’est comme aller chez ce copain super-gâté qui a toute la collection de GI Joe pendant que toi, tu joues avec des boîtes de conserve.
Cornershop – England’s Dreaming
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1 Avant de rire du manque de goût chronique des Anglais, n’oublions pas que pendant ce temps-là, en France, le même duel à trois voit s’affronter Cali, Bernard Lavilliers et Cristophe Maé.