Tout vin t’a point.

Studio 130, Saint-Denis, 13 septembre.


Studio 130, Saint-Denis, 13 septembre.

C’est pas simple de juger un album à sa sortie. C’est comme goûter un vin en s’en enfilant une pleine boutanche cul-sec. Un album il faut que ça vive, que ça s’aère un peu une fois débouché, et surtout que ça trouve son biotope. Ta bouteille de Sauternes, elle va te sembler dégueulasse sur un Big Mac, à gerber sur une côte de bœuf mais mon pote, quand tu arroses ton foie gras avec, t’es le roi du monde.

Reste à trouver pour chaque bouteille le plat qui lui va.

Tout ça m’est venu l’autre jour, alors que j’arpentais la rue Lancry de retour d’une séance de dédicace, et que le chüffle de l’MD a choisi de me coller The Lighthouse à ce précis instant. De la lumière à l’heure qu’il était, entre la température et mon état d’esprit, le morceau est venu se blottir là comme s’il avait été expressément écrit pour ce moment. Après Pioneer to the Falls et Mammoth l’autre soir à Houston, The Heinrich Maneuver à force de l’entendre à la radio, le morceau final d’Our Love to Admire en est le quatrième extrait qui me fait quelque chose en trouvant son moment. J’avais décrié l’album à sa sortie, recalé Interpol au rang de sous-Editors quand deux ans auparavant, ce sont ceux-là qui avaient été accueillis comme de sous-ceux-ci. Évidemment, Our Love to Admire est toujours largement moins bon qu’An End Has a Start, mais ce troisième Interpol affiche désormais une figure moins honteuse que celle que je lui avais prêtée quand il est arrivé. D’où la nécessité de ne pas se presser avant de juger. D’où la difficulté de savoir séparer le bon grain de l’ivraie lorsque l’on dispose au maximum de trois semaines pour se décider et qu’on a pas vraiment le temps de trouver le foie gras pour lequel est fait le Sauternes. Régulièrement, on regrette ce qu’on a pu penser.

Ah oui, et le stupido du jour :

« Mais j’ai pas de glotte moi euh, je suis une fille. »
Jennifer de Superbus hier soir sur le Mouv’.

Elle et son groupe, j’éprouve curieusement moins de difficulté à me dire que leurs albums sont pourris, et ce quelquesoit le contexte.

 InterpolThe Lighthouse

J’oubliais : Mike Skinner des Streets donne des cours de bains de foule.