Ils sont comme ça, les Ricains. Ils adorent proposer à des marques de sponsoriser leurs salles en leur refilant leur nom. D’où le Verizon Wireless Theater. Devant lequel je trouve deux files : celle pour la plèbe et celle pour les abonnés Verizon qui, en brandissant leur combiné, peuvent entrer en passant devant tout le monde. S’il y a une Smith & Wesson Arena en ville, elle doit être le théâtre de chouettes fins de soirées.
Liars, j’en sors déçu. On m’avait tellement vanté le nouvel album que je m’attendais à une grosse tuerie, mais celle-ci n’aura lieu que pour Pure Unevil, sur la toute fin. Je zappe, bière au bar d’à côté pendant que le plateau se change.
Interpol surgit 30 minutes plus tard sur un fond de scène où est projetée leur moche nouvelle pochette. Paul Banks a maigri. Carlos D. surgit d’une autre époque. Fogarino et Kessler n’ont pas changé. Pioneer To The Falls éclate avec une puissance démesurée. Que ce soit sur disque ou sur scène, Interpol n’a jamais loupé ses entrées en matière. La lumière est bleue. Les photos du premier titre seront pourries. Banks enchaîne sur un Obstacle 1 qui affole le devant de scène. Je frissonne. Lumières rouges. Les photos du deuxième titre seront pourries. Sur Narc, déjà, ça retombe un peu. Dans les lumières mauves. Toutes les photos de ce soir seront pourries. C’est con.
Interpol déroule et se montre vaguement plus ouvert au public qu’à l’accoutumée (comprendre : « ce soir Paul Banks a sourit. Deux fois. »). Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Daniel Kessler, la mêche a été vendue par Angus Andrews de Liars, avant qu’il quitte la scène. Kessler fête ça en multipliant les entrechats et en lançant le riff frénétique de Say Hello To The Angels. Plus rapide et agressive, la version souffre de l’interprétation trop aiguë de Banks. Le Mammoth qui suit rattrape largement le coup, comme Slow Hands, puis The Heinrich Maneuver, sous de belles lumières blanches qui auraient fait de belles photos (enculés). Mais ce qui m’étonne le plus, c’est l’accueil hystérique que reçoit Evil, pourtant single de fin d’album il y a 3 ans. Il a dû se passer un truc ici avec ce titre que nous autres, les Européens, on n’a pas calé. Ou alors le phénomène se limite au Texas, son texte faisant une apologie de la country en chapeau de cow-boy qu’il n’y a qu’ici qu’on comprend. Va savoir.
Interpol se casse sur un Not Even Jail magique, puis revient pour un rappel dont je ne retiens que le PDA final, toujours aussi taillé dans l’urgence. Tout le monde au lit, un peu frustré. Ça fait toujours le même effet de les voir, mais tout ça manquait gravement d’NYC et de Leif Erickson. Et en 6 concerts ils ne m’ont toujours pas joué Untitled. Je vais finir par croire qu’ils le font exprès.
Je fais copain-copain avec le taxi qui me ramène. Il me fait monter devant pour que je puisse cloper avec lui. Il est sénégalais, il vit ici depuis 8 ans, c’est son frère qui lui a proposé de venir parce qu’il y avait de la thune à se faire. Journées de 15h pour rembourser l’achat de la voiture, 5 ans qu’il est pas rentré au pays, le mec me parle d’Afrique, du regard des Ricains sur la pognon sans lequel tu n’es rien pour eux, de leur incompréhension quand il leur raconte qu’un jour, quand il aura gagné assez, il retournera chez lui, où la vie n’est pas constamment surveillée et tout le monde est relax. Au final, je crois que ce que je retiendrai le plus de la soirée, ce sera cette rencontre. Mais joyeux anniversaire quand même, Daniel.
Interpol – Mammoth