Iron Maiden – Live After Death & A Real Live One & Hallowed Be Thy Name & Live at Donington, August 22nd, 1992

Autodiscobiographie #12.

#19
Label :
EMI
Sortie : 14 octobre 1985
Producteur : Martin Birch

#20
Label :
EMI
Sortie : 15 mars 1993
Producteur : Kevin Shirley, Steve Harris

#28
Label :
EMI
Sortie : 4 octobre 1993
Producteur : Kevin Shirley, Steve Harris

#31
Label :
EMI
Sortie : 8 novembre 1993
Producteur : Steve Harris

La note est longue, c’est sûr, mais ces quatre disques se ressemblant, autant les traiter en même temps. Guronsan disponible sur demande. Bon courage.

C’est sûrement sa pochette qui me pousse à demander le Live After Death pour mes 15 piges1. Coup de chance, c’est un live, fait dont ma compréhension limitée et seconde-langue des jeux de mots anglais ne m’avait pas laissé deviner avant d’avoir le disque. Grâce à lui, je découvre toute la discographie du groupe d’avant 1985 : The Number of the Beast tout d’abord, Iron Maiden ensuite ― parfaite BO d’une partie de Streets of Rage, pour ceux qui ont encore une Mégadrive et qui ne savent plus quoi écouter ―, Killers (deuxième album, 1981, au final le plus garage et dépouillé) et le concept-album de papyrus-rock Powerslave, sorti en 19842. Le Live After Death, c’est baffouzes à répétition : le démarrage d’Aces High, c’est un riff trop classe à se mettre dans le walkman pour aller au collège en courant. Le quintette final aussi, enchaînant The Number of the Beast, Hallowed Be Thy Name, Iron Maiden, Run to the Hills et Running Free, est un gros pied. À l’époque de sa sortie, ça fait 5 ans et 5 albums que les fans de Maiden attendent un live, un vrai, pas un EP de 4 titres avec Di’Anno qui chante dessus, non, ni un bootleg italien enregistré au fond d’une chaussette, mais un truc couillu au gros son où Dickinson hurle ses tripes. Le contenu privilégie les gros tubes mais le concert, enregistré à Long Beach fin 1984, est capté avec les pieds, on croirait être dans un tunnel et on n’entend à peine les 10 000 personnes présentes ces soirs-là. N’empêche. Live After Death sera un bon couteau pour étaler ma confiture : je mets une voix sur Churchill (l’intro d’Aces High qui ouvre l’album), j’apprends qui est Samuel Taylor Coleridge (Rime of the Ancient Mariner, titre super-long de 13 minutes3, est tiré du poème éponyme), trop la classe à placer en cours d’anglais pour se la péter grave devant le prof, et je passe deux ans à chercher la traduction précise de l’épitaphe d’Eddie sur la pochette, une phrase tirée de The Nameless City de Lovecraft où elle est déclamée par le poète fou Abdul Alhazred, l’auteur du Nécronomicon4.

J’adopte l’album dès la première écoute. Tout d’abord les classiques, Run to the Hills, Iron Maiden, Running Free et surtout, surtout Hallowed Be Thy Name, sorte de Hells Bells local, entamé à coups de cloche et terminé en peine capitale. en 1994, ce sera plutôt Rime of the Ancient Mariner, après avoir été sublimé par sa déferlante de guitares se ruant sur le ferry anglais de la poupe duquel je veux sauter dans la nuit du 9 au 10 avril5. Ce sera mon 101 version métal. J’userai ma cassette 100’6 jusqu’à la corde, dans tous les voyages, tous les endroits, truffant la bande d’une multitude de madeleines de Proust avant de le raccrocher. Je le chope dans tous les formats disponibles. Maxis, faces B coupées au montage et surtout le vinyle, avant tout le vinyle, racheté à un mec d’Angers trouvé dans Hard Rock Magazine qui se sépare de sa collec’. C’est un double 33-tours, comportant une face D non incluse dans le CD, sur laquelle figurent 5 titres enregistrés en mars 1985 à l’Hammersmith Odeon de Londres, mais aussi où Running Free n’est pas amputé des 2 tiers de sa longueur comme sur le CD. La version originale est plus fidèle à une fin de concert de Maiden classique, où Dickinson achève le public en organisant des chorales métal qui braillent pendant 5 minutes, un concept qu’encore maintenant j’affectionne particulièrement, quelque soit le groupe.

Un mois après la découverte du Live After Death, c’est A Real Live One qui me tombe dessus. 8 ans se sont écoulés depuis le précédent live, Maiden met le paquet. A Real Live One regroupe des titres sortis après 1985, enregistrés sur la tournée européenne dans des salles plus petites, mais de bien meilleure manière. L’ensemble donne un disque sans queue ni tête, mais avec du coffre. C’est quand je me pointe au collège le lendemain de son achat que le Kaufmann m’annonce que d’après les rumeurs, Bruce Dickinson quitte le groupe, que c’est fini, on peut tous brûler nos dossards7 on va tous crever en écoutant Scorpion et Def Leppard. Le dernier album sera A Real Dead One, second volet du diptyque prévu pour octobre, après lequel on pourra se jeter du haut d’une falaise de Brighton8.

A Real Dead One, on s’en fout, je ne l’écouterai pas longtemps. Ce qui compte c’est son single, Hallowed Be Thy Name, que j’achète le jour de ma première grève lycéenne de vrai rebelle de la société et où, en plus d’une version hallucinante enregistrée en Russie, figure un live de Wasted Years qui défonce tout. Le reste, on oublie, et on laisse Dickinson embroché sur la pochette. Le vrai live de cette fin d’année 1993 sort un mois après, c’est le Live at Donington, August 22nd, 1992. Contrairement aux deux Real Ones, cousus du fil blanc de bouts de morceaux d’extraits de concerts de la tournée européenne pas vraiment cohérents, le double live qui conclut l’année Maiden ― et enterre définitivement Dickinson pour les 5 suivantes ― offre l’ensemble de leur concert en tête d’affiche des Monsters of Rock 1992, du début de l’intro aux derniers pétards du feu d’artifice qui clôt le festival, en passant par les 5 minutes de pause de rappel, histoire d’être bien sûr qu’il ne s’est rien passé pendant qu’on était au bar. Ce sont 112 minutes de liesse hirsute d’une soixante-dizaine de milliers de métalleux communiant dans une chaude camaraderie houblonneuse, vociférant en chœur les refrains lyriques de Dickinson, une belle jeunesse heureuse de vivre qui fait bien chaud au cœur, monsieur l’abbé. La VHS qui va avec montre un groupe au sommet de son art ― le déclin viendra juste après ―, soudé et éternel. On voit les gamins d’Harris sautiller sur la scène pendant les chœurs d’Heaven Can Wait, où traditionnellement les roadies et les équipes techniques du groupe montent sur scène pour chanter ― respect, j’ai jamais vu d’autre groupe faire ça ―, Adrian Smith, parti du groupe 4 ans auparavant, les rejoindre pour Running Free, préfigurant le line-up actuel qui dure depuis 1999, Dickinson développer des qualités de showman indéniables et tirer du public ― ce coup-ci foutrement bien enregistré ― des réactions vocales assez intenses pour qu’on croie qu’ils ont tous un micro. Quand je commencerai à faire mes cassettes de compile de live, c’est là-dedans que j’irai puiser le plus largement9, jusqu’au jour où je laisserai tomber le Rock Dur. Live at Donington sera le dernier disque de Maiden sur lequel j’accrocherai totalement, une sorte de testament. Certains groupes appartiennent à une époque et, même s’ils y survivent commercialement, se sont trop impliqués dedans pour vraiment s’en émanciper. À croire qu’au final on grandit plus vite qu’eux.

1 On n’est pas artistiquement sérieux quand on a 15 ans.

2 Piece of Mind, on oublie, il sent mauvais du fondement.

3 13 minutes c’est long parce qu’à l’époque je ne sais pas ce qu’est The Song Remains the Same.

4 Traduire la phrase en 1993 : deux ans. Relater son contexte en 2007 : 2 minutes. Je me demande comment ma génération a pu grandir sans le Internet, dis donc.

5 Pas à cause du suicide de Kurt Cobain, nan.

6 À l’époque c’est la grande classe, les cassettes de 100 minutes.

7 Atteindre l’âge de sagesse, c’est commencer à pouvoir avouer qu’un jour, on s’est vêtu de dossards de métalleux, sans se soucier de la honte qui en découlera inévitablement.

8 j’ai la flemme de vérifier s’il y a bien des falaises à Brighton.

9 Ça me fait penser qu’avec un concept de Concert à Composer, constitués de groupes choisis préalablement par un vote du public par SMS qui tournent les uns après les autres pour un seul titre, avant de revenir plus tard dans le set, tout ce petit monde se croisant gentiment backstage, « tiens salut Bono, j’ai pas pu te saluer tout à l’heure t’avais l’air occupé avec Calogéro, tu sais pas où est Bertignac ? Faut que je le présente à Chris Martin et Jon Bon Jovi »I, ça serait la super-frime pour faire mieux que la Blogothèque et finir avec des Flèches d’Or encore plus super-blindées du tout-Paris rockeux, je note pour plus tard.

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I Je cite comme ça dans le cas où le premier Concert à Composer serait un spécial Rock Quoi, hein.

Extraits

Live After Death

  • #1 – Intro: Churchill Speech
  • #2 – Aces High
  • #7 – Rime of the Ancient Mariner
  • #13 – Running Free
  • #18 – Phantom of the Opera

A Real Live One

  • #1 – Be Quick or Be Dead
  • #2 – From Here to Eternity
  • #6 – The Evil That Men Do
  • #8 – Bring Your Daughter… To the Slaughter
  • #11 – Fear of the Dark

Hallowed Be Thy Name

  • #1 – Hallowed Be Thy Name
  • #3 – Wasted Years

Live At Donington, August 22nd, 1992

  • #05 – Can I Play With Madness?
  • #13 – Heaven Can Wait
  • #16 – Iron Maiden
  • #19 – Sanctuary
  • #20 – Running Free