Jacques White est mon homme de maison.
Ce qui frappe dès l’entrée dans le Zénith, c’est le dépouillement de la scène par rapport à la dernière tournée. De la jungle luxuriante d’il y a 2 ans, ne subsiste que le rouge. À part la batterie blanche de Meg, le décorum entier baigne dans le sang : rouges, les enceintes de retour, rouge, le piano, rouge, le fond. Rouges, les costumes de scène, revenant à une simplicité faisant fi des costumes de Zorro affichés en 2005. La setlist elle-même prétend que Get Behind Me Satan n’a jamais existé : à peine n’aurons nous qu’un rapide couplet du Denial Twist pendant le rappel.
Curieux show que cette ancienne version du duo pourtant renouvelé. Le set démarre en trombe dans un When I Hear My Name rageur, vite suivi de Dead Leaves and the Dirty Ground, plus posé. Le Zénith déguste, il va morfler. Icky Thump est la première baffe de la soirée. Le riff assassin du nouveau single est déjà accueilli comme un classique alors qu’Effect and Cause, derrière, est une découverte pour beaucoup. Les White Stripes claquent une version acoustique toute neuve d’Hotel Yorba, avant un passage plus calme sur Do, puis I’m Slowly Turning Into You. Là aussi, le show diffère des précédents, grâce à une communication avec le public accrue. À l’invite de Jack, le Zénith assure les chœurs, se chauffant pour I Think I Smell a Rat, terminé à 2 à l’heure. White improvise en slide. Death Letter ? Non, Catch Hell Blues. Puis Same Boy You’ve Always Known, Hello Operator, avant que Meg lâche sa batterie pour In the Cold, Cold Night qui ravit la salle entière. La fin du set est sauvage, avec l’enchaînement d’un Jolene dramatique, d’un Let’s Shake Hands énervé et d’un Ball and Biscuit saturé. Le pied.
Le rappel, lui, est une communion. Grâce à Black Math, d’abord, dans une version longue ponctuée d’un medley de Denial Twist et de Passive Manipulation ― chanté par Jack ―, se muant en I Just Don’t Know What to Do With Myself. Tout le Zénith chante, saute et clape en rythme. Jack confie son amour pour la France, entamant Seven Nation Army, qu’il arrête illico pour ramasser le bouquet qu’on vient de lui jeter. « Ma couleur préférée », lance-t-il en offrant le bouquet à Meg. Seven Nation Army provoque évidemment l’apocalypse qu’on en attendait. La fosse, alors qu’on lui a interdit sous peine d’exclusion, se met enfin à slammer. C’est le dernier morceau, de toute façon, alors après eux le déluge. Des chœurs de stade de football scandent le riff de guitare. Meg et Jack terminent le show debout sur leurs enceintes, à se prendre en photo avec un vieux Polaroïd puis lançant les clichés dans la foule, pour définitivement prendre congé au bout d’1h20. Toujours aussi atrocement court, ça oui. Mais bien plus intense que la dernière double date parisienne. Dieu bénisse les White Stripes.