AC/DC – Live

Autodiscobiographie #8.

#16
Label :
Epic
Sortie : 29 octobre 1992
Producteur : Bruce Fairbairn

Sainte idée cette année-là pour Epic que de sortir un live d’AC/DC. Mieux qu’un best-of, puisque son gros son colle plus à l’époque que leurs albums vieux de 15 ans, Live est surtout l’occasion d’imposer Highway to Hell sur toutes les radios et télés, le rendant inévitable pour tout ceux qui ont loupé l’épisode précédent en 1979. Fin 1992, Il devient impossible de passer à côté d’Angus Young, grenouille sauteuse lacérant sa Gibson SG en flammes, ni de Brian Johnson, son chanteur à casquette et voix de canard ultrasonique t’invitant à aller voir en enfer si Satan y est. Nous autres, qui débarquons tout juste dans le hard-rock, nous prenons une bonne baffe en forme de leçon d’histoire. Le CD, c’est mon père qui l’achète à la montagne en février 19931. Pas étonnant, je retrouverai plus tard dans ses vinyles If You Want Blood, Dirty Deeds Done Dirt Cheap et Powerage. Pour l’heure, je découvre les cloches de Hells Bells et je braille des Back in Black, dont j’apprends qu’il est tiré du premier album enregistré après la mort du premier chanteur, Bon Scott, un mec rock n’roll qui s’est étouffé dans son vomi la veille de mon 2e anniversaire, trop cool! Live est puissant, bien enregistré, bien méchant et ce dès son intro en chants de fouteballe couverts par l’entame épileptique de Thunderstruck dansant sur des chœurs infernaux. Le pied, Thunderstruck. J’apprends son intro à la guitare au printemps, alors que Live tourne en boucle dans la caravane du Bardy, celle qu’on squatte dès qu’on peut. Aussi facile à jouer que Nothing Else Matter3, le bordel. À moi le succès, le pognon, la coke et les putes.

1993 et les événement de l’été4 passant, je lâche quand même AC/DC pour deux raisons :

  1. Même s’il s’est formé que 2 ans avant Maiden, à l’époque AC/DC sent le groupe de vieux alors que Maiden, non. C’est sûrement dû à la casquette de Johnson. Ou aux visuels, peut-être. Ou au fait que les mecs qui se promènent avec des dossards AC/DC sont souvent de gros beaufs.
  2. Question gros beaufs, justement, je tombe sur leur chef le jour de l’entrée à l’internat du lycée. Lui, c’est le pire que la terre ait porté, que même Strip-tease en voudrait pas. Débarquant de la banlieue de Carignan sur sa mobylette qui fait du 115 ― et que seul son chien peut rattraper, sic ― avec un perfecto en imitation skaï sur lequel il a écrit au typex « FAI T S MOI UN CALIN SI TU M’AIMES », sortant de son pif des trucs de la taille d’une toile de tente pendant les cours de TSA, amateur de baston à la batte de base-ball en plastique les soirs de bal dans toute l’Ardenne-Est, vain dragueur de tout ce qui se promène avec des seins dans le lycée et au-delà, il ne délaisse Living on My Own que pour écouter son double CD du Live d’« Ââcédééçéé » des soirs durant. Étrangement, je laisse tomber le mien de suite.

AC/DC reviendra quand même chez moi en passant par la fenêtre quatre fois : la première à 18 ans, quand je mets Whole Lotta Rosie en ouverture de la première cassette de ma 205 junior ― on est un vrai punk ou on ne l’est pas ― pour aller écraser des grands-mères le cheveux court au vent. La deuxième à l’orée du Stade de France du 22 juin 2001, quand Zégut décide d’égréner les semaines qui l’en rapprochent en en balourdant chaque mercredi dans Zikweb un morceau qu’on s’écoute au taquet, à la grande joie de mon voisin de palier. La troisième quand, à la même époque, je ressors Highway to Hell du grenier tous les 15 jours pour la passer à la boum sur les coups de 2 g 30 du matin, quand la piste s’est assez vidée ― et nous assez emplis ― pour que nous puissions taper le concours de guitare en carton sur la scène du chapiteau devant un parterre de groupies avinées. La quatrième enfin, à l’été 2002, quand le mec qui nous emmène, Copain et moi, bosser à Grevenmacher tous les jours se l’écoute en boucle dans sa voiture. C’est ça mon dernier souvenir de Live : un grand sentiment de lassitude annoncée trompée à coups de headbanging sur fond de campagne luxembourgeoise qui défile à 180 km/h. Ce n’en est pas moins un disque majeur : c’est grâce à lui que nous, les kids des années 90, avons pu comprendre qu’en plus d’avoir existé, les années 70 furent cools.

Extraits

  • Thunderstruck
  • Shoot to Thrill
  • Hells Bells
  • Whole Lotta Rosie
  • Highway to Hell

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1 Dans un supermarché où la radio passait Sleeping Satellite de Tasmin Archer. Y a des souvenirs, des fois, on se demande vraiment pourquoi on les retient.

2 Remercions pour cette information le calendrier 1993 de Hard Force Magazine, un outil bien utile aux commémorations poliues de toutes sortes.

3 Enfin, à la même vitesse que Julien Lambroschini reprenant Ten Years After dans Le Péril jeune, tout du moins.

4 J’y reviendrai. Promis.