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« Metallica… De Metallica. »
Gagol, 1994.
Ma liste allant, je réalise qu’on y trouve deux types d’albums : ceux sur lesquels on passe et ceux qui mènent vraiment ailleurs. Comme dans Sonic, où l’on engrange les anneaux1 qui te filent des vies en plus, mais où l’important, ce qui permet vraiment de passer une étape, c’est le lampadaire rouge.
Dans ma liste figure tout un tas de lampadaires rouges. Et encore plus d’anneaux. Metallica, c’est l’anneau typique. Vite rencontré, vite écouté, vite oublié. Premier contact sur Nothing Else Matter, évidemment, le slow le plus inévitable du coin à l’époque, jouant à armes égales avec un Don’t Cry, un One2 ou un Heal the World3. Le deuxième sur Enter Sandman, première piste de l’album (dans laquelle c’est le fils de Bob Rock qui récite la comptine du break, un hasard de studio), morceau d’attaque incapable de faire regretter son achat. Au delà de ça, passé la petite perle The Unforgiven et son intro de camion fou, la ligne de basse frissonnante de My Friends of Misery ― composé à l’origine comme un instru, et qui aurait au final mieux fait de le rester ― et la charge d’assaut de Holier Than You, Metallica trouve vite ses limites. Surtout maintenant. À l’époque ça passe encore, je deviens métal, mes potes le sont déjà, Metallica a baissé le rythme de ses premiers efforts et capte une audience plus large ; le rythme lourd et lancinant qui en découle nous va à merveille [mis à part les puristes qui, évidemment, fustigent quiconque se hasarderait à apprécier leurs ballades]. Mais ça ne durera pas. Passé 1994 je ne retiendrai plus un titre de Metallica dans mes classements annuels. Pendant ce temps, ils se coupent les cheveux, nous emmerdent à coup de Load et de Reload, font un album symphonique vaguement intéressant en 1999, se ridiculisent en 2000 dans l’affaire Napster et viennent pleurnicher chez le psy en 2004 dans Metallica: Some Kind of Monster.
Bien avant tout ça, quelque semaines à peine après Metallica, Metallica m’en rajoute une couche dans cette cassette de Ride the Lightning4 que se refile toute la bande. S’il est bien loin de pouvoir se vendre à 15 millions d’un[nanim]ités, Ride the Lightning contribue grandement au développement de la grande mode des doigts à cornes et des « beuaaaaarh » bestiaux qui envahissent les couloirs du collège [sauf pour ceux qui n’ont pas encore mué5]. Metallica y6 apparaît plus jeune, bien plus brut[e] et surtout bien plus poilu. On retombe en 1984, à une époque où le thrash de la baie de San Francisco commence à beugler au-delà du Golden Gate grâce à des Fight Fire with Fire ― tout en cliché, de son intro à la guitare acoustique à la con jusqu’à son final d’explosion atomique ―, Fade to Black, l’ancêtre lunatique de The Unforgiven, Ride the Lightning, For Whom the Bell Tolls ― avec Hells Bells, l’autre titre à cloche qui décrasse ― et Creeping Death. L’album est bestial, il souffre d’une production affreuse [on a vraiment l’impression qu’Hetfield gueulait tellement fort qu’ils ont dû le laisser sur le parking] mais là où Slayer, Death, Morbid Angel, Obituary et le Sepultura de l’époque ont échoué, il arrive à me faire apprécier le monde merveilleux du poil en touffes, de la corde de gratte carbonisée, de la double-pédale massacrée et des textes poétiques me cantant ma mort prochaine sur une chaise électrique, une hache wisigoth plantée dans le crâne cependant que Cthulhu, lui, ça le fait marrer. Ride the Lightning sera à l’origine de mes premiers headbangages [et de leur torticolis associés] mais restera mon seul album de ce genre, ceux qui suivront étant bien plus enracinés dans un métal plus classique. Je ne passerai même pas plus de deux minutes sur Masters of Puppets, tiens, malgré tout le bien qu’on en dit. Metallica me passe comme les Crados quelques années plus tôt. En fait, le thrash metal c’est comme le tuning, ça disparaît avec l’acné. Sauf en Norvège, bien sûr7.
Extraits
Metallica
- Enter Sandman
- The Unforgiven
- Wherever I May Roam
- Nothing Else Matters
- My Friends of Misery
Ride the Lightning
- Fight Fire with Fire
- For Whom the Bell Tolls
- Fade to Black
- Creeping Death
- The Call of Ktulu
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1 Et quand on se fait toucher par un hérisson nucléaire, Sonic perd ses anneaux dans une vaste hémorragie dorée. Sonic, c’est le Saigneur des Anneaux. Haha.
2 De U2, hein, pas de Metallica.
3 Rigolez pas, c’était super groovy-tendance à l’époque.
4 On ne fera pas d’épisode Ride the Lightning, les deux albums étant pour moi trop liés dans le temps pour que j’en parle séparément.
5 Je parle pas de moi, mais d’un pote que je connaissais bien à l’époque. Hum.
6 Pas dans les couloirs du collège, hein, mais sur Ride the Lightning. Je te dis pas l’émeute si Lars Ulrich était venu nous surveiller en perm’, tiens.
7 Hahaha, j’attends vos mails d’insultes.