Depeche Mode – Violator

Autodiscobiographie #2.

#2
Label :
Mute
Sortie : 19 mars 1990
Producteurs : Depeche Mode, Flood

Sorti le 19 mars 1990, au moment même où je commence à m’intéresser au groupe, le Violator de la sœur finit forcément dans mon lecteur de cassette. Personal Jesus ― sorti en fait 6 mois avant pour faire patienter les fans et assouvir l’enthousiasme du groupe face au nouveau son qu’il s’est trouvé ― et Enjoy the Silence marchent tout de suite sur moi, celui-ci pour son gros riff lourd, ses rythmiques tribales et aspirées et son refrain marteleur (et sa vidéo d’Anton Corbijn), celui-là pour son riff léger, ses rythmiques rêveuses et son refrain envolé (et sa vidéo d’Anton Corbijn). À la réflexion, mis à part Money for Nothing de Dire Straits ― qu’à l’époque ma mère écoute toute la journée dans sa 205 ―, la guitoune de Personal Jesus est peut-être le premier morceau marquant qui m’envoie du clavier vers la guitare, après tous les trucs new-wave de mon enfance passée et avant tous les trucs hard-rockeux de mon boutonnage à venir. Il en va d’ailleurs de même pour eux, puisqu’en négociant habilement le virage des années 90, dans le bas-côté duquel beaucoup finiront, Depeche Mode assène avec Personal Jesus le premier coup de pioche dans la veine rock qu’ils exploiteront deux albums durant, jusqu’à Songs of Faith and Devotion. Pour ma part, cassette fichée dans mon baladeur Sony jaune cuvée 1986, je n’assimile le reste de l’album que peu à peu, sur quelques années, à travers la VHS de Strange Too ― qui m’ouvre à la crise mystico-névrotique de Clean ― qu’on m’offre à Noël 1990 ou en liant progressivement à Violator des bouts de vie : l’errance urbaine de Policy of Truth dans les seules vacances provençales familiales de mon histoire, la prière nocturne de Waiting for the Night dans un minuit de 1993 au milieu de la cour du lycée, l’ascension tragique de Halo, retrouvé sur un bootleg de la tournée Songs of Faith and Devotion et hantant mes nuits d’usine de cuivre en 1996. Petit à petit, le puzzle Violator s’assemble pièce par pièce, j’apprends à le connaître, je le visite de fond en comble puis l’écoute de moins en moins, mais en espaçant de plus en plus les appuis sur avance rapide, les sauts de pistes du CD et les évictions de ma liste MP3. Comme un vin qu’on boit de plus en plus rarement mais chaque fois jusqu’à la dernière goutte.

Extraits

  • Personal Jesus (1996 – #16)
  • Halo
  • Waiting for the Night (1994 – N/A)
  • Enjoy the Silence (1996 – #40)
  • Clean