Londres, 27 avril. Après seulement deux concerts officiels en Californie (Pomona le 12 et Ventura le 14), Tom Delonge et ses potes sont déjà en Europe pour promouvoir leur album, prévu pour le 22 mai. Organisé à l’Electric Ballroom, au cœur de Camden, le concert affiche complet depuis des semaines. Lorsque nous y entrons, monte déjà la clameur de 800 personnes surexcitées par l’extinction des lumières. Sur le parquet de la salle principale s’est entassée une masse de fans hirsutes, à mèches gominées et T-shirts divers. La scène est plongée dans une pénombre bleutée, une toile arborant le logo du groupe et des avions de chasse de la Seconde guerre mondiale habille le mur du fond. En fait, on ne verra pas le groupe de tout le concert, il sera exclusivement à contre-jour. Une longue intro se fait entendre alors que des silhouettes se découpent dans l’ombre. David Kennedy (guitare) est à gauche, Ryan Sinn (basse) à droite et au milieu Delonge balance Valkyrie Missile. La réaction est immédiate, le pied de scène tend les bras vers le frontman, tout sourire. Angels and Airwaves enchaîne sur It Hurts, puis sur Distraction, sur lequel Delonge tombe la guitare, confie sa joie d’être en Angleterre pour le premier concert hors-US de son combo et danse bizarrement, comme mal à l’aise, visiblement pas habitué à chanter sans gratte. Le chanteur multiplie les entrechats, serre des mains et obtient le soutien vocal de la masse anglaise sur Good Day. Revenu à la guitare, il termine le morceau seul, puis enchaîne sur The Adventure. La foule chante le titre en chœur, la musique, baignée d’échos, est encore plus aérienne que sur disque et Delonge mime ses paroles. Il présente le thème d’A Little Is, qui parle de guerre et du souhait de réparer le monde en un jour, puis joue There Is — reprise de Box Cars Racer — seul à la sèche, plongé dans les spots bleus. Là encore, l’audience reprend le refrain, à tel point que Delonge la laisse finir le morceau. Après Do It for Me Now, introduisant Restart the Machine, l’ex-Blink vient à parler de son ancien trio, visiblement affecté par son split : « en 1991 j’ai décidé de laisser tomber l’école pour la musique et par chance, ça a marché. 14 ans plus tard mon groupe se séparait. J’étais mal mais j’ai décidé de continuer parce que tout ça, c’est ma vie ». Angels and Airwaves s’énerve, puis se calme dans un instru, avant de repartir de plus belle et de conclure dans la hargne. Sur The Gift — dont la partie de guitare rappelle fortement les mélopées électriques de The Edge sur With or Without You — l’Electric Ballroom entier hurle, reprenant à tue-tête les chœurs qui le closent. Delonge remercie la salle d’être aussi calme, reçoit en retour la réponse qu’il escomptait — des cris indignés — puis lance le final The War d’un riff agressif. La salle est à fond, Kennedy et Sinn jouent face à face sur le break, pendant que Delonge annonce son album et salue son public, en promettant de revenir bientôt et en parachevant son set d’un solo debout sur la batterie. Angels and Airwaves quittent la scène sous les applaudissements, la salle reste plongée dans le noir une longue minute… et se rallume sur le Why Do You Love Me? de Garbage. Direction Manchester pour le groupe, qui repartira pour une tournée américaine avant de revenir en Europe courant juin.