Dès leur entrée en scène, les trois Anglais allument dans le Zénith un feu qui va être sacrément long à éteindre. Matthew Bellamy, tout de blanc vêtu dans une redingote des plus seyantes, entame Apocalypse Please sur son clavier magique qui fait de la lumière en fonction des accords et accroche pour une bonne heure et demi sa voix au plafond. Décidément clé de voûte du groupe, il passe indifféremment du clavier lumineux à la guitare qui clignote dans un son et lumière des plus puissants. Entre le jeu de batterie musclé de Wolstenhome et les envolées lyriques de la voix de Bellamy, le public, véritable quatrième homme ce soir, hurle, reprend les refrains et se démène en suivant la musique, en accueillant toute fois moins bien les chansons du dernier album. Absolution se fait pourtant la part belle du concert de ce soir avec dix de ses douze titres joués, mais des chansons comme Thoughts of a Dying Atheist, Endlessly ou Blackout font largement moins effet que des New Born, Plug-in Baby ou autres Sunburn. À la moitié du concert, un écran géant en triptyque descend dans le fond de la scène et alterne les images envoyées par de petites caméras dispersées sur scène et celles de paysages. Montagnes et autres soleils couchants défilent, comme si l’absolution recherchée par le groupe se trouvait au-dessus de nous. Bien au-dessus même, quand vient le quart d’heure galactique de Space Dementia. Pour le reste, le public chavire sous les coups de Butterflies and Hurricanes, Muscle Museum et Citizen Erased. L’apogée de cette ambiance hystérique est atteinte sur Time Is Running Out et Stockholm Syndrome, qui clôt le concert sous les paillettes. Les lumières se rallument, je regarde autour de moi, j’écoute, plus personne n’a de voix. Une arme de destruction massive de cordes vocales vient de faire 5 000 victimes.