Le trio anglais n’y est pas allé par quatre chemins pour imposer son quintette. Un quintette composé de nos trois gars et de MM. Xavier Roide et Bill « Toxico de résidence » Loyd en guise de soutien. Leur renfort apporte à l’ensemble un bon gros son, plus fourni (voire trop sur certains titres) et plus de liberté à Brian Molko et Stefan Olsdal. Every You Every Me, This Picture ou Without You I’m Nothing rendent la foule dingue, sans oublier The Bitter End, sur laquelle la tempête humaine atteint son paroxysme.
Par contre, si musicalement ça ne pourrait être mieux, la présence du groupe entre deux chansons n’est pas des meilleures. Loin des longs discours métaphysiques qui ont ponctué les concerts de la tournée du début d’année, Brian Molko ne semble pas avoir le cœur au one man show ce soir et Placebo enchaîne les titres sur a une cadence industrielle (stakhanoviste, oui !). Heureusement, le chanteur finit par se réveiller après English Summer Rain, commence à causer aux gens et interagir avec eux.
Cette soudaine prise en compte du public relève d’un coup l’émotion du show. On a ainsi droit à une superbe version de Without You I’m Nothing et un excellent Special K en guise de premier final. Placebo livre ensuite un Slave to the Wage vibrant sur lequel le public chante longtemps. Taste in Men et Pure Morning, si oppressants grâce au jeu de batterie de Steve Hewitt, viennent compléter le tableau avant que Centrefolds ne plonge la salle dans un spleen latent. C’est enfin la reprise des Pixies, Where Is My Mind?, qui vient clore le concert en apothéose, le public reprenant le refrain à tue-tête.
Impeccable et de plus en plus impressionnant, Placebo a fourni ce soir une très bonne prestation, qui aurait toutefois pu être excellente avec une plus prompte prise en compte du public. On est décidément exigeant avec les meilleurs.